2006-10-24 18:16:23 PARIS (AFP)
Les médecins urgentistes ont été à la pointe du mouvement des praticiens hospitaliers organisé mardi à l’appel de trois syndicats (CPH, Amuhf et CGT Santé) contre une réforme qui conduit, selon eux, à « une destruction » de leur statut.
« La mobilisation des médecins urgentistes a été très importante, avec 80% de grévistes en moyenne », a déclaré à l’AFP Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers (Amuhf), « avec surtout une forte mobilisation en Ile-de-France, dans le Nord, le Centre, l’Auvergne et la Haute-Normandie ».
La participation des autres spécialités médicales a été « marginale », a-t-il ajouté, soulignant que « ce mouvement n’a eu aucun impact sur la qualité des soins », les médecins hospitaliers pouvant être assignés par les directeurs d’hôpitaux.
A 17H30, la Direction de l’hospitalisation (Dhos), n’était pas encore en mesure de confirmer ces chiffres.
« On se mobilise contre la destruction du statut des praticiens hospitaliers », a indiqué M. Pelloux, ajoutant que cette journée n’était que « le début d’une mobilisation ».
Début octobre, deux décrets ont réformé le statut de praticien hospitalier, qui concerne près de 33.000 médecins et pharmaciens hospitaliers, en instaurant notamment une part variable de rémunération et en modifiant les procédures de nomination des médecins.
La Confédération des praticiens hospitaliers (CPH), qui n’appelait pas à la grève, mais à « une journée d’action et de sensibilisation », « a organisé des assemblées générales dans la plupart des établissements », a indiqué son président Pierre Faraggi à l’AFP.
Représentant 41% des voix aux élections professionnelles, la CPH a également adressé « une lettre ouverte aux futurs candidats à l’élection présidentielle », pour les alerter sur « cette attaque de l’hôpital public ».
Les syndicats contestent notamment la réforme des procédures de nomination, qui confie le pouvoir d’affectation locale des praticiens hospitaliers – jusqu’ici réservé au ministère de la Santé – aux chefs de pôles et aux présidents des Commissions médicales d’établissement (CME), eux aussi praticiens hospitaliers.
Une réforme qui risque de favoriser les passe-droits et affectations par « copinage », s’inquiètent les syndicats. Cette procédure conduit de fait à « la possibilité de licencier un médecin hospitalier si celui-ci ne remplit pas les objectifs fixés par son chef de pôle et refuse deux autres affectations successives », a dénoncé Patrick Pelloux.
La mise en place d’une part de rémunération variable « consacre la naissance du productivisme et d’une culture individualiste à l’hôpital public », a-t-il en outre estimé.
Au-delà du « retrait » de la réforme, « nous demandons une indemnité de garde identique pour tous de 450 euros », a indiqué le président de l’Amuhf, soulignant qu’à l’heure actuelle seuls les praticiens universitaires touchent 450 euros, tandis que les praticiens hospitaliers ont droit à 256 euros et les médecins à diplôme étranger 200 euros.
« Nous demandons une amélioration de notre protection sociale », a insisté quant à lui Christophe Prud’homme, de la fédération CGT santé, « particulièrement en cas d’arrêt maladie de longue durée, et un meilleur taux de remplacement pour nos retraites, qui est actuellement au maximum de 53% du dernier salaire ».
La CPH et l’Intersyndicat des praticiens hospitaliers, qui représentent à eux deux près de 80% des voix aux élections, avaient déjà organisé des mouvements de grève contre les décrets les 11 mai et 7 juin.