PARIS, 28 mai 2007 (APM) – La ministre de la santé, de la jeunesse et des sports, Roselyne Bachelot, s’est engagée dimanche sur Europe 1 à réfléchir au paiement des heures supplémentaires accumulées à l’hôpital dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2008.
Elle a indiqué que les heures supplémentaires stockées dans les comptes épargne temps (CET) représentaient un million de jours pour les médecins et 1,25 million pour le reste du personnel soignant à l’hôpital, soit « 550 millions d’euros à trouver ».
« Il faut absolument avoir les financements pour payer les heures supplémentaires qui ont été stockées par le personnel soignant (.) Je vais mettre à la réflexion dans le PLFSS le fait que ces heures supplémentaires soient payées », a déclaré la ministre.
« Il faut absolument que nous puissions organiser cela de la meilleure façon », a-t-elle également affirmer en précisant qu’elle travaille sur ce dossier avec le ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, Eric Woerth.
Le président de la République, Nicolas Sarkozy, lui avait demandé de s’emparer du sujet du financement des heures supplémentaires lors de leur déplacement dans le Nord mardi, rappelle-t-on (cf dépêche APM CBKEL004).
Malgré les problèmes liés à l’application de la réduction du temps de travail à l’hôpital, la ministre de la santé a tenu à préciser qu’elle ne reviendra « absolument pas » sur le principe des 35 heures, même si elle considère que cette mesure a été « une catastrophe pour la gestion de l’hôpital » et qu’elle a « profondément désorganisé » les établissements de santé.
Elle regrette que les 35 heures aient été appliquées « comme une stricte réduction du temps de travail et qu’on n’ait pas suffisamment réfléchi aux réorganisations qui auraient permis sans doute de mieux les supporter ».
« La réorganisation de l’hôpital est évidemment aussi un moyen de gérer ces 35 heures », a-t-elle ajouté.
MINISTRE DE LA QUALITE DES SOINS, PAS DU RATIONNEMENT
Roselyne Bachelot a par ailleurs indiqué que la carte hospitalière est en train d’être « revue » et « modernisée ». « Il faut aller plus loin et surtout il faut avoir une volonté politique forte dans ce domaine », a-t-elle affirmé.
« Il faut absolument que l’organisation de l’hôpital et l’organisation de la modernisation de l’offre de soins soient au coeur de la démarche de la ministre de la santé que je suis », a-t- elle ajouté.
La ministre s’est déclarée favorable à la restructuration de l’hôpital et notamment au regroupement de plateaux techniques « pour permettre une meilleure offre de soins, une offre de soins plus moderne vis-à-vis des malades » et à la transformation d’un « certain nombre de services » en établissements d’accueil pour personnes âgées avec « des niveaux techniques d’accueil très différents ».
« Je ne suis pas la ministre du rationnement des soins, je suis la ministre de la qualité des soins », a-t-elle déclaré.
RENFORCEMENT DE TOUTE LA « PALETTE » DES SOINS PALLIATIFS
Suite aux déclarations de Nicolas Sarkozy sur un doublement des moyens en soins palliatifs, la ministre a précisé que cela passera « par toute la palette des soins palliatifs: les équipes mobiles, les lits identifiés de soins palliatifs, les unités de soins palliatifs et bien sûr le réseau ville-hôpital ».
« Il faut que nous puissions accueillir et accompagner les personnes en fin de vie de la façon la plus digne possible ».
Interrogée par ailleurs sur la maladie d’Alzheimer, Roselyne Bachelot a indiqué que cela constituera l’un des sujets qu’elle proposera dans quelques jours lors du conseil des ministres de la santé européens. L’autre sujet sera la lutte antidopage.
Dans ce domaine, elle a estimé nécessaire d’avancer « en même temps » sur la prise en charge des patients, la prévention et la recherche.
« La politique de prévention est au coeur de ma politique et d’ailleurs la réorganisation du ministère m’y invite et il faut que ces maladies [Alzheimer et les maladies neurodégénératives] soient détectées le plus précocement possible d’abord pour retarder les phénomènes dégénératifs et pour prendre des mesures d’accueil qui sont d’autant mieux acceptées par les familles et les malades qu’elles sont précoces », a-t-elle expliqué.
Elle a également mentionné des « moyens nouveaux donnés à l’université et (…) à la recherche », évoquant un plan de 9 milliards d’euros sur cinq ans. Elle souhaite que la recherche médicale puisse bénéficier d' »une part importante de ces crédits ».
« C’est évidemment un objectif éthique et c’est aussi un objectif économique car la recherche médicale est source de profit, elle est source d’emploi, elle est source d’innovation », a-t-elle souligné.
RADIOTHERAPIE : TRAVAIL ENTRE LE MINISTERE ET L’INCA
Interrogée sur le dysfonctionnement d’un appareil de radiothérapie à l’hôpital de Rangueil du CHU de Toulouse, Roselyne Bachelot a tenu à préciser que ce problème n’était pas du tout comparable à celui de l’hôpital d’Epinal.
A l’hôpital de Rangueil, « les malades ont été irradiés mais, d’après les premiers éléments de l’enquête, des patients n’ont pas reçu la dose de rayons nécessaire, ils ont été sousirradiés, et d’autres [ont reçu une dose] légèrement au dessus mais (…) l’erreur de paramétrage est restée dans les limites compatibles avec la santé », a-t-elle affirmé.
L’établissement de santé avait uniquement fait état de surexposition à des rayonnements ionisants chez 145 patients pris en charge au centre régional de radiochirurgie stéréotaxique, les doses reçues ayant été supérieures à ce qui avait été prescrit, dans une fourchette allant de 10% au double, mais inférieures au maximum de la littérature, rappelle-t-on (cf dépêche APM VBKEN003).
Après avoir rappelé que des mesures ont déjà été mises en place pour éviter les accidents de radiothérapie et qu’un comité d’observation a été créé, Roselyne Bachelot a indiqué qu’elle recevra le président de l’Institut national du cancer (Inca) « dans les prochain jours » et qu’elle assistera au conseil d’administration de cet organisme.
« Bien entendu, toutes les mesures à prendre seront prises », a-t-elle conclu en assurant qu’elle agira « dans la plus grande transparence » et qu’elle rendra entièrement public le rapport que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) doit lui rendre « dans les prochains jours ».
Enfin, interrogée sur la reconnaissance du niveau licence pour la formation d’infirmier, Roselyne Bachelot a observé que cela posait un « certain nombre de difficultés techniques ». « Mais je m’emploierai à les résoudre car je trouve que c’est une mesure de justice vis-à-vis des infirmiers et des infirmières », a-t-elle déclaré.