PARIS, 20 juin 2007 (APM) – La Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (Dhos) propose plusieurs pistes pour adapter la formation des professionnels aux contraintes démographiques et à l’évolution de l’activité, a indiqué mardi sa directrice, Annie Podeur, lors du congrès de printemps de la Fédération hospitalière de France (FHF)-Ile-de-France.
Compte tenu des réorganisations de périmètres opérées avec la Direction générale de la santé (DGS), la Dhos exerce « depuis quelques jours la plénitude des compétences du ministère de la santé » en matière de formation, a rappelé Annie Podeur.
Elle a avancé plusieurs pistes tout en soulignant que « les choix politiques reviendront bien entendu » à la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, et au gouvernement.
Pour mieux adapter la formation médicale et paramédicale aux besoins de santé, elle a proposé de fixer des quotas pour les formations paramédicales et des numerus clausus pour les professions médicales « s’appuyant sur des analyses régionales, fondées sur les schémas régionaux d’organisation sanitaire (Sros) et synthétisées au sein de l’observatoire national des professions de santé ».
Elle a également suggéré de répartir les places offertes aux épreuves classantes nationales (ECN) en fonction des besoins prioritaires par discipline au sein d’une interrégion. « Le nombre de places offertes devra être le plus proche possible du nombre d’étudiants appelés à choisir une affectation, toute inadéquation se faisant au détriment de certaines spécialités (médecine générale, médecine du travail, santé publique) », a-t-elle expliqué.
Annie Podeur demande qu’une « étroite concertation régionale » soit menée entre les agences régionales de l’hospitalisation (ARH) et les collectivités régionales pour développer les formations paramédicales et médico-techniques à la hauteur des besoins. Elle a évoqué les infirmières, les manipulateurs d’électroradiologie, les kinésithérapeutes et les radiophysiciens.
Pour améliorer la répartition des médecins, la Dhos estime également nécessaire d’étudier la généralisation des post-internats, le « développement de centres de soins primaires lorsque l’initiative privée est défaillante », le conventionnement sélectif des médecins libéraux et les mesures limitant le nombre de médecins hospitaliers dans les régions surdotées.
Elle a par ailleurs indiqué qu’il faut profiter des départs massifs à la retraite pour « renouveler l’approche des métiers et développer de nouvelles compétences tant en matière de soins que de gestion (auxiliaires de permanence sur les plateformes des centres 15, contrôleurs de gestion, logisticiens…) ».
STABILISER LA T2A POUR LE MCO EN 2008
Annie Podeur s’est par ailleurs exprimée sur la mise en oeuvre de la tarification à l’activité (T2A).
Pour le secteur médecine, chirurgie, obstétrique (MCO), elle souhaite « stabiliser » ses conditions d’application. A cet effet, elle a notamment indiqué que la onzième version (V11) de la classification des groupes homogènes de malades (GHM) ne sera pas mise en oeuvre en 2008.
Elle estime également nécessaire de « parvenir à plus d’équité et de transparence sur les missions d’enseignement, de recherche, de référence et d’innovation (Merri) avant de travailler en 2008 sur les missions d’intérêt général ».
Annie Podeur suggère de maintenir les efforts de valorisation de la chirurgie ambulatoire conformément au plan de redressement des comptes de l’assurance maladie (cf dépêche APM VGKFJ001).
Enfin, elle souhaite que l’impact de la progression des dépenses liées aux molécules et aux dispositifs médicaux innovants soit maîtrisé « en les intégrant si possible dans le calcul des tarifs de séjour et en envisageant une régulation prix/volume sur les prix plafonds dont se prévalent les industries pharmaceutiques ».
S’agissant des soins de suite et de réadaptation (SSR) et de la psychiatrie, elle juge plus « sage » de différer la généralisation de la T2A « en privilégiant des expérimentations et la conduite à terme des travaux techniques préalables liés au recueil d’activité ». « Mieux vaut un modèle bien rôdé et fiable qu’un modèle trop vite lancé », a souligné la Dhos.
Elle a toutefois indiqué qu’elle comprend les inquiétudes des établissements de SSR publics qui s’estiment pénalisés par rapport au privé lucratif rémunéré à l’activité (prix de journée).
Dans ce contexte, elle souhaite qu' »un effort particulier soit fait en 2008 pour conserver des marges de progression des dotations (Odam) au moins équivalentes voire si possible supérieures à celles accordées au secteur MCO, en évitant que ces activités d’aval pourtant essentielles à la prise en charge du vieillissement et des maladies chroniques ne deviennent des variables d’ajustement ».
Annie Podeur a également appelé les ARH à veiller, « via le suivi des objectifs quantifiés de l’offre de soins (Oqos) et les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM), à éviter le développement non maîtrisé de l’offre privée sur ce secteur, pour préserver la diversité de l’offre ».
LA DHOS FAVORABLE AU PARTAGE DE LA PDS
Annie Podeur a par ailleurs souligné la nécessité de trouver des solutions pérennes dans le domaine de la permanence des soins en ville, « pour éviter un déport massif vers l’hôpital, qui n’est satisfaisant ni d’un point de vue financier, ni en termes d’organisation de la gradation des soins ».
S’agissant de la permanence des soins hospitaliers spécialisés, elle entend faire participer pleinement les cliniques afin de mieux partager les contraintes. « Tous les établissements doivent contribuer à la permanence des soins, au nom de l’équité et je ferai des propositions très concrètes à la ministre en ce sens' », a déclaré Annie Podeur.
Elle souhaite également que les réflexions sur la définition des gardes et astreintes nécessaires soient menées au niveau du territoire de santé, « pour éviter les doublons et répondre aux besoins réels de la population ».
« Je sais à cet égard qu’un vaste chantier reste à conduire dans votre région [Ile-de-France] mais un système dans lequel des gardes ‘dormies’ cohabitent avec des recours importants à des FFI [faisant fonction d’interne] pour faire face aux besoins n’est plus tenable et ne peut être tenu pour satisfaisant », a-t-elle observé, en s’adressant aux 300 représentants d’établissements franciliens présents au congrès de printemps de la FHF-Ile-de-France.