PARIS, 17 oct 2007 (AFP)
Les internes en médecine, en grève « illimitée », ont réaffirmé mercredi leur
détermination à obtenir le retrait des articles du projet de budget de la
Sécurité sociale concernant leur liberté d’installation, sur lesquels les
députés de la majorité sont apparus divisés.
Au troisième jour de la grève « totale et illimitée » lancée par les étudiants
et internes en médecine pour défendre leur liberté d’installation, que le
gouvernement veut limiter, les députés UMP ont laissé transparaître leurs
divisions en effectuant un véritable pas de deux. Ils ont en effet retiré
puis rétabli les articles contestés lors de la discussion du projet de loi
en commission des Affaires sociales.
Mardi soir, plusieurs d’entre eux, dont l’un des rapporteurs Jean-Pierre
Door, mais aussi Dominique Tian ou Jacques Domergue, avaient joint leurs voix à la gauche pour voter la suppression des articles, dont certains prévoient de lier le conventionnement des médecins, et donc l’application de tarifs remboursables par la « Sécu », à leur zone d’installation.
« Les députés ont voté en commission ce retrait afin de donner aux internes un signe fort en faveur de l’ouverture de négociation sur l’organisation médicale et l’avenir de la médecine libérale », a déclaré M. Domergue. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) « n’est pas le meilleur endroit pour aborder cette question », a-t-il ajouté.
Les élus UMP sont toutefois ensuite rapidement rentrés dans le rang en
réintroduisant les articles, mercredi matin lors d’une deuxième délibération, se contentant d’y ajouter le fait que les internes seront
associés à une négociation avec l’assurance maladie.
« Il y a une démarche qui est maintenant engagée, on va suivre le gouvernement et on va lui demander de négocier à fond en associant les
associations d’internes », a expliqué à l’AFP le président (UMP) de la
commission des Affaires sociales, Yves Bur.
« Si on attend trop longtemps, les déserts (médicaux) se multiplieront, il
faut que les internes comprennent que le monde change’, a-t-il poursuivi.
Du côté de la gauche, on ironise. « Les élus de la majorité ont été prendre
leurs consignes auprès du gouvernement et ils réintroduisent des amendements qui ne conviennent à personne », a estimé Marisol Touraine (PS).
Les articles doivent maintenant être examinés par les députés qui débuteront l’examen en séance du PLFSS à partir du 23 octobre.
Cette volte-face de la majorité n’a pas entamé la détermination des internes et étudiants.
« Tant que les articles ne sont pas supprimés, cela ne change rien pour nous, nous maintenons notre mot d’ordre de grève illimitée », a indiqué à l’AFP le président du SNJMG (jeunes généralistes), Fabien Quédeville.
Des rassemblements ont été organisés mercredi dans plusieurs villes, dont Toulouse et Strasbourg. A Marseille, quelque 1.200 internes grévistes, venus parfois de Nice ou Montpellier, sont venus une fleur à la main pour la jeter sur un cercueil noir en carton représentant la sécurité sociale. A Paris,
une centaine d’internes se sont rassemblés place de la Concorde.
« Du moment que ces articles sont maintenus, c’est toujours la porte ouverte à des mesures négatives à l’installation », a estimé la porte-parole de l’Anemf (étudiants), Chloé Moulin.
Lionel Michel (Isnar-IMG) s’est montré plus ouvert à la négociation
conventionnelle, « à condition que les étudiants et internes aient de vraies
marges de manoeuvre et que les négociations débutent avant le vote du projet de loi », prévu fin octobre.