LA CONFÉDÉRATION des praticiens des hôpitaux (CPH) a consacré une partie de son séminaire annuel à l’examen de la situation de la chirurgie publique. Une discipline, résume le président du syndicat, le Dr Pierre Faraggi, «emblématique de la désaffection des jeunes médecins à l’hôpital». «Ses problèmes, constate-t-il, sont pionniers à l’hôpital.»
De fait, explique le Dr Jean-Marie Leleu, vice-président de la CPH et chirurgien de son état, tout se conjugue pour conduire à la fuite de ces spécialistes : «Le poids de la permanence des soins – devenue en chirurgie une exclusivité du service public– et les rémunérations à activité égale nettement plus faibles que celles obtenues dans le secteur libéral». Le Dr Leleu ajoute à cela «la perte de la philosophie des accords “chirurgie” de 2004». La reconnaissance promise de la pénibilité, la réforme des retraites, la revalorisation des astreintes… sont restées lettre morte. Quant à la part variable salariale actée il y a trois ans (elle devait représenter 5 % du salaire au 1er janvier 2005, puis 5 % encore au 1er juillet 2005, puis 5 % au 1er janvier 2006), elle est «finalement devenue quelque chose de totalement inapplicable parce que trop complexe, dépendant du bon vouloir du directeur de l’établissement et de l’état financier de l’hôpital», regrette Jean-Marie Leleu.
Les chirurgiens de la CPH égratignent au passage certains choix de gestion faits par leur direction : «Ne pas remplacer une secrétaire, fermer un bloc pour remplir les autres salles… ce genre de décisions conduit à diminuer la production, observent-ils, or, dans le contexte de la T2A [tarification à l’activité], diminuer la production, c’est avoir moins de moyens.» Le Dr Leleu se veut précis : «La disparition d’une secrétaire, c’est 15 consultations qui ne sont pas faites parce que les rendez-vous ne sont pas pris. A cause de cela, le chirurgien ne va pas, par exemple, recruter une prothèse de hanche. Et une prothèse de hanche en T2A, c’est presque un demi-salaire de secrétaire!» Pour autant, la CPH ne s’oppose pas au principe de la restructuration des blocs opératoires. «Le mouvement est nécessaire, à condition qu’il soit contrôlé. Il est nécessaire de garder un certain maillage», estime le Dr Leleu. A ses yeux, l’échelon de restructuration retenu ne doit pas être le territoire, trop grand, mais bien le bassin de vie, «en intégrant le secteur privé à la PDS chirurgicale». «Ce partage de la permanence des soins, poursuit-il, permettrait aux hôpitaux de maintenir ou de développer une activité chirurgicale programmée. Et, donc, de maintenir des médecins.»
Le Dr Faraggi retient trois «mots-clés» pour faire revenir ou tout simplement maintenir les chirurgiens – et, plus largement, les médecins – à l’hôpital public : «démographie, moyens et PDS». Il s’inquiète de voir que, pour l’heure, les propositions des pouvoirs publics tournent plutôt autour d’«une grande réforme de l’hôpital avec un vrai patron, plus de management…»
KARINE PIGANEAU
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