Alors que la ministre de la Santé reçoit, lundi matin, les présidents des quatre intersyndicats de praticiens hospitaliers* pour ouvrir la « concertation » sur les comptes épargne temps (CET) et les heures supplémentaires à l’hôpital, la grève des urgentistes et des anesthésistes réanimateurs (regroupés dans la Fédération de la permanence des soins) lancée le 3 janvier, obtient un soutien de taille : celui de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (Inph) et de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH). « Si le gouvernement n’apporte aucune réponse concrète dans les prochains jours, cette grève, pour l’instant sans aucun retentissement majeur pour la population, est appelée à se durcir et s’élargir. Non seulement une généralisation, mais également d’autres moyens d’actions seront alors à l’ordre du jour », préviennent Rachel Bocher (Inph) et Pierre Faraggi (CPH).
La négociation sur les 23 millions d’heures supplémentaires et les 3,5 millions de jours de RTT impayés à l’ensemble des salariés des hôpitaux, dont le coût est estimé entre 800 à 900 millions d’euros par le ministère, n’est pas le seul sujet d’inquiétude. « L’absence d’attractivité suffisante de la carrière médicale hospitalière, le vieillissement de la population actuelle des PH, les problèmes posés par les liquidations futures des comptes épargne temps et l’absence de garantie de leur transmissibilité aux ayant droits ont des conséquences qui sont encore plus sensibles au niveau de la permanence des soins hospitalière », estiment les deux syndicats, manifestant là leur solidarité avec les urgentistes de l’Amuf et les anesthésistes du Smarnu et du Snphar. « Alors que la permanence des soins en médecine ambulatoire (…) ne cesse d’être revalorisée par les pouvoirs publics, la permanence hospitalière, obligatoire pour tout praticien hospitalier, est laissée en l’état sans aucune reconnaissance du travail effectué, de l’engagement individuel de chaque PH, sans aucune restructuration territoriale et sans aucun espoir d’un allègement de cette charge et de cette pénibilité », ajoutent-ils.
Les discussions entre les syndicalistes et Roselyne Bachelot iront donc certainement au-delà de la question de la monétarisation des CET et du paiement des heures supplémentaires. « Si autant de jours de RTT ont été accumulés dans les comptes épargne temps, c’est bien parce que les personnes ne pouvaient pas les prendre à cause de la charge de travail, explique le Dr Bocher. Aujourd’hui, les praticiens hospitaliers démissionnent ou prennent leur retraite anticipée et c’est bien la question de la démographie médicale hospitalière qui se pose. Il faut régler le problème de la monétarisation des jours de RTT et dans un deuxième temps évoquer celui de la démographie, qui ne se limite pas aux praticiens libéraux. Il est surréaliste par exemple que nous n’ayons été que consultés et même pas invités aux Etats généraux de l’organisation de la santé ! ».
Concernant le paiement des jours de RTT, les syndicalistes restent discrets sur leurs revendications chiffrées attendant ce que « la ministre va mettre sur la table ». La présidente de l’Inph, Rachel Bocher, ne peut néanmoins pas imaginer un remboursement de la journée « en dessous de 400 euros ». Elle affirme, à l’appui de sa demande, que des hôpitaux n’hésitent pas à payer « des praticiens mercenaires » entre 600 et 1 000 euros la journée pour compenser les insuffisances d’effectifs.
*Dr Pierre Faraggi, président de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH) – Dr Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (Inph) – Dr François Aubart, président de la Coordination médicale hospitalière (CMH) – Pr Roland Rymer, président du Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics (Snam-HP)