Le président de la République, Nicolas Sarkozy, appelle Bruno-Pascal Chevalier, patient séropositif, à cesser sa grève de soins entreprise en protestation contre les franchises médicales, dans un courrier rendu public mardi par l’association Aides.
Militant associatif et travailleur social à Morsang-sur-Orge (Essonne), Bruno-Pascal Chevalier a officialisé sa grève de traitement, commencée en septembre, dans une lettre envoyée début janvier au président de la République (cf dépêche APM RLLA7001).
Dans ce courrier, publié sur son blog www.grevedesoins.fr, il exhorte Nicolas Sarkozy à abroger les franchises médicales, reprenant ainsi les revendications de nombreuses associations de patients, très opposées à cette mesure.
Dans sa réponse datée de lundi, Nicolas Sarkozy « invite [Bruno-Pascal Chevalier] à cesser [sa] grève des soins qui ne peut que ruiner tous les acquis de [son] traitement ». « Je veux témoigner auprès de vous de mon soutien et de mes encouragements dans votre lutte quotidienne contre le sida, dont je sais ce qu’elle signifie de souffrances et de contraintes », commence-t-il.
S’appuyant sur plusieurs de ses affirmations formulées à différentes reprises par oral (« j’ai donc fait ce que j’ai dit, sans prendre personne par surprise », « ma responsabilité est de dire la vérité », etc…), le président procède à un plaidoyer en faveur des franchises, « expression à la fois de notre responsabilité et de notre solidarité ».
Plafonnées à 50 euros par an, elles correspondent selon lui à « une somme qui reste modique ». Les franchises constituent « un des premiers instruments de cette politique [celle d’une meilleure qualité des soins], mais un instrument indispensable », plaide-t-il.
Ce courrier est « scandaleux », a estimé mardi auprès de l’APM Bruno-Pascal Chevalier, selon qui il ne s’agit pas tant de la franchise elle-même que du « cumul des franchises ».
Face à « une longue liste de ‘restes à charge’ bien au-delà de 50 euros » – déremboursements de médicaments, forfait à un euro par consultation, dépassements d’honoraire, forfait de 18 euros sur les actes hospitaliers lourds… -, ces franchises représentent « la mesure de trop », estime mardi dans un communiqué l’association Aides, qui juge « indécente » la réponse de Nicolas Sarkozy.
Depuis l’annonce de sa grève de soins, Bruno-Pascal Chevalier a obtenu de nombreux soutiens, notamment celui du Collectif national contre les franchises et pour l’accès aux soins pour tous, qui regroupe des associations, plusieurs partis politiques de gauche et des syndicats.
Fort de ces soutiens, Bruno-Pascal Chevalier s’est dit « conforté dans sa lutte » par la réponse de Nicolas Sarkozy. Lancée fin mars 2007, la pétition de l’appel contre la franchise rassemblait mercredi matin 86.604 signataires.