Propos recueillis par Bérengère Guy
Pour dénoncer l’instauration depuis le 1er janvier 2008 des franchises médicales, Bruno-Pascal Chevalier, malade du sida, a décidé d’arrêter tous ses traitements. Il a aussi interpellé le chef de l’Etat qui vient de lui adresser une réponse. Interview.
Affaibli, Bruno-Pascal Chevalier n’en est pas moins déterminé. Depuis trois mois ce malade du sida a entamé une grève des soins et a donc arrêté tous ses traitements. Travailleur social à Morsang-sur-Orge (Essonne), il dénonce les nouvelles franchises médicales que le gouvernement Fillon a mis en place le 1er janvier 2008. Plus qu’un acte de désespoir, c’est un « acte militant ». Il s’explique.
Pourquoi avez-vous décidé d’arrêter tous vos traitements ?
Puisque ni les pétitions, ni les manifestations n’ont pu empêcher la mise en place des franchises médicales, j’ai décidé d’entamer une grève des soins pour protester contre ces mesures. « Nous » poursuivons notre action. Plus qu’un cas spécial, je représente toute une frange de la population: la plus vulnérable. Cette franchise médicale m’oblige à payer 50 euros par an d’impôt supplémentaire parce que je suis malade. 50 euros, plus 50 euros, plus les dépassements d’honoraires, plus les frais de médicaments: comment va-t-on faire pour se soigner? C’est une loi qui affaiblit les plus démunis, nous sommes coupables d’être malade.
Quels sont vos revenus ?
Il faut dépasser mon cas personnel. Je parle au nom de tous ceux qui ont un revenu de 700 euros par mois: comment vont-ils faire pour joindre les deux bouts? Je n’ai aucun intérêt à me mettre sous les feux de la rampe. Ce qui compte c’est qu’avec mon cas, le nombre de signatures et de messages de soutien ne cesse d’augmenter. C’est là mon seul objectif.
Vous êtes en grève depuis septembre 2007: pourquoi avoir attendu trois mois pour médiatiser votre action ?
Parce que je ne voulais ni encourager, ni engager d’autres personnes que moi. De toute façon, beaucoup d’autres font une grève des soins, sauf qu’elle est officieuse. Faute de moyen, ils repoussent ou arrêtent carrément leur traitement. Moi, j’ai décidé de l’officialiser. Et c’est une décision personnelle. J’avais aussi un petit espoir que les franchises ne soient jamais votées.
Vous avez écrit au président de la république, quelle a été sa réponse ?
Je suis totalement indigné par sa réponse. Elle n’a fait que confirmer mon action.
Qu’attendez-vous maintenant ?
Le retrait de cette loi, tout simplement