Le 7 février 2008, le parlement a adopté une loi créant des centres de rétention de sûreté. Cette loi remet en cause les principes fondamentaux du droit pénal, et donne à la psychiatrie un rôle inacceptable de gardien de l’ordre moral.
En effet, cette loi prévoit d’appliquer à des personnes ayant déjà purgé leur peine une mesure privative de liberté, sans limitation de durée, sur simple présomption de dangerosité, celle-ci étant soi-disant établie par une expertise psychiatrique. Il appartiendrait en outre à la médecine psychiatrique de « traiter » les déviants ainsi enfermés à perpétuité, au besoin en leur imposant une castration chimique en cas de crime à caractère sexuel (nouvelle loi actuellement à l’étude !)
Brandie par le président SARKOZY au prétexte du passage à l’acte d’un pédophile, cette loi inacceptable fait suite à d’autres lois liberticides, portant notamment sur la prévention de la délinquance et de la récidive : toutes font peser la suspicion sur les jeunes, les pauvres, les étrangers et les malades, en donnant à croire que la délinquance est inscrite dans une nature biologique voire génétique relevant désormais de la médecine ! Ainsi les causes socio-économiques de la violence sont-elles occultées : l’ordre néo-libéral est déculpabilisé et, sûr de son bon droit, peut se perpétuer…
En réalité, non seulement cette loi omnipotente viole la Déclaration des droits de l’homme et des citoyens sur le principe de la détermination d’une peine en fonction du délit commis (et non hypothétique !), mais s’oppose au principe constitutionnel de non-rétroactivité, que le chef de l’Etat cherche à présent à contourner en faisant appel au premier président de la Cour de cassation ! Par ailleurs, elle outrepasse les limites éthiques et scientifiques de la psychiatrie qui, si elle peut parfois contribuer à prévenir certains passages à l’acte, est incapable de les prédire (cette confusion a été dénoncée en janvier 2007 par le Comité Consultatif National d’Ethique… que le chef de l’Etat veut à présent mettre au pas !).
On ne peut combattre la dangerosité sociale par des lois dangereusement anti-sociales ; on ne peut déplacer impunément la violence socio-économique à l’intérieur de la psychologie individuelle et de la médecine : la violence ainsi niée fera rapidement retour d’une façon ou d’une autre, et cet Etat de non-droit en portera l’entière responsabilité…
Une journée d’action nationale, pour défendre les libertés publiques, est prévue le JEUDI 20 MARS.
Les organisations gersoises signataires s’y associeront pleinement.
Union Syndicale de la Psychiatrie, ATTAC Gers, Sud Santé Sociaux, Réseau Education Sans Frontière, Ligue des Droits de l’Homme (section d’Auch), Comité Gersois de Développement et de Défense de lHôpital Public