Article du Quotidien du Médecin du 29 mai 2008 : Hôpital Expo 2008 – Roselyne Bachelot veut encadrer les dépassements d’honoraires

Hôpital Expo 2008

Roselyne Bachelot veut encadrer les dépassements d’honoraires

La ministre de la Santé a inauguré mardi Hôpital Expo, le salon qui réunit l’ensemble de la communauté hospitalière tous les deux ans à Paris. Roselyne Bachelot a rappelé son intention de réguler les dépassements d’honoraires médicaux en clinique et à l’hôpital. Elle a aussi annoncé que les soins hospitaliers délivrés aux patients en situation de précarité seront mieux financés.

UN SLOGAN chasse l’autre. Le leitmotiv de 2007 – «Je suis la ministre de la qualité des soins» – a laissé place à une autre affirmation : «Ma politique de santé est une politique de justice», a répété Roselyne Bachelot lors de son discours inaugural d’Hôpital Expo, face aux représentants de la communauté hospitalière publique et privée.

En creux, il faut comprendre que la ministre n’exclut aucun moyen, y compris coercitif, pour rétablir l’égalité dans l’accès aux soins – la priorité que lui a fixée Nicolas Sarkozy à Neufchâteau. «Près de quatre millions de Français éprouvent de réelles difficultés à trouver un médecin», a-t-elle souligné. La future loi SPT (santé, patients, territoires) sera «le pilier» de son action.

Le refus de soins aux démunis ? «Il faut tout faire pour lutter contre cette pratique scandaleuse», insiste Roselyne Bachelot. Les dépassements d’honoraires ? Pareillement inacceptables en cliniques qu’à l’hôpital si celles-ci détiennent localement un monopole des soins. «Les cliniques devront respecter des engagements tarifaires de non-dépassement», observe la ministre de la Santé. Qui ajoute que «l’activité libérale à l’hôpital, dans le même esprit, sera davantage encadrée». Financièrement, mais aussi au chapitre des délais de rendez-vous.

Dans la droite ligne du rapport Larcher – sur les thèmes de l’organisation territoriale de l’offre de soins, de la responsabilisation des acteurs, du rapprochement ville-hôpital –, Roselyne Bachelot a annoncé un meilleur financement de la précarité. Mal pris en compte par la tarification à l’activité (T2A), les séjours hospitaliers seront désormais mieux payés pour les bénéficiaires de la CMU, de l’AME, du RMI, et les sans domicile fixe – le montant de l’enveloppe n’a pas été communiqué. Mais point de grande rallonge budgétaire concédée à l’occasion de la grand-messe d’Hôpital Expo, alors que le déficit programmé des hôpitaux avoisinerait les 800 millions d’euros, selon Claude Evin, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) – soit «les trois cinquièmes des établissements sanitaires dans le rouge».

Pas de rallonge budgétaire. Jamais le vote du budget des hôpitaux (l’EPRD) n’a autant donné lieu à contestation par les instances locales, conseils d’administration en tête. Les directeurs d’hôpital qui attendaient un soutien officiel pour réduire les effectifs, un passage obligé pour rétablir l’équilibre, en ont également été pour leur frais. La ministre a éludé la question. Quelques jours plus tôt, en comité restreint face aux directeurs généraux de CHU, Roselyne Bachelot avait pourtant évoqué la possibilité de «ne pas remplacer tous les départs» pour maîtriser les charges. Tout en souhaitant «la généralisation du recours aux contractuels», notamment pour les médecins.

Mais la parole ministérielle n’avait pas vocation, dans ce cadre restreint, à être reprise sur toutes les antennes. Ce qui fait dire à un syndicaliste que l’on nage en pleine hypocrisie : à Hôpital Expo, «la ministre n’a pas apporté les réponses attendues pour donner les moyens nécessaires aux hôpitaux, et les sortir des plans de retour à l’équilibre, qui placent les établissements dans l’obligation soit de réduire les postes, soit de remettre en cause le statut des personnels».

DELPHINE CHARDON

La FHF part à la chasse aux médecins

Pas d’hôpital sans médecins : la Fédération hospitalière de France (FHF) a ouvert la chasse à la blouse blanche. De préférence jeune et performant, le propriétaire de la blouse blanche. La FHF a monté un groupe de travail avec des étudiants pour identifier leurs attentes. Bientôt, le tapis rouge sera fin prêt. «Si on veut retenir les jeunes médecins, nous devons mieux les accueillir, et les aider à se repérer dans un univers dont ils ignorent l’organisation et les codes», décrypte le Dr Francis Fellinger, président de la conférence des présidents de CME de centre hospitalier.

Mais la suite du discours de la FHF est-il vendeur ? Son président, Claude Evin, s’est prononcé à Hôpital Expo en faveur d’une accélération des restructurations à l’hôpital public. La FHF va mettre des consultants à disposition de régions volontaires pour mettre en oeuvre des scénarios de recomposition. «C’est à nous, hospitaliers, qu’il incombe de réaliser ce travail, sans attendre que les directeurs d’ARH [agences régionales de l’hospitalisation] agissent à notre place», a déclaré Claude Evin. Il n’est pas dit que cet «appel à une profonde remise en cause» sonne comme un doux appel rassurant pour les jeunes praticiens sur le point de choisir leur secteur d’exercice

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