PARIS, 23 juin 2008 (APM) – Plus de 1.500 professionnels de santé et usagers avaient signé lundi en début d’après-midi la pétition lancée à l’initiative de 42 hospitaliers contre la privatisation de l’hôpital et pour l’organisation d’un large débat public.
Les deux tiers des instigateurs travaillent à l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Il s’agit notamment du Pr André Grimaldi, diabétologue à la Pitié-Salpêtrière, du Pr Alain Fischer, pédiatre à l’hôpital Necker-enfants malades, du Pr Marie-Germaine Bousser, neurologue à l’hôpital Lariboisière, du Pr Pierre-Marie Girard, infectiologue à Saint-Antoine, des Prs Olivier Lyon-Caen et Vincent Meininger, tous deux neurologues à la Pitié-Salpêtrière, et du Pr Gilles Pialoux, infectiologue à Tenon.
Pierre Faraggi, psychiatre au centre hospitalier spécialisé de Cadillac (Gironde) et président de la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH) fait également partie des professionnels à l’origine de l’appel.
Même si les signataires sont conscients que les hôpitaux doivent améliorer leur organisation et leur efficience face aux problèmes démographiques et financiers, ils estiment que « les réformes en cours et une partie des mesures préconisées par le rapport du sénateur Larcher vont entraîner une privatisation progressive de l’hôpital public ».
« Bientôt, les médecins et chirurgiens et même les directeurs d’hôpitaux pourront être embauchés sous contrats privés avec intéressement aux bénéfices selon une logique contraire à l’éthique du service public ».
« La prochaine étape sera le changement de statut des hôpitaux pour permettre plus facilement des licenciements, considérés comme une variable de régulation financière » et « cette course à la rentabilité entraînera la suppression d’activités médicales jugées peu ou pas rentables, le développement des cliniques privées à but lucratif et la généralisation des dépassements d’honoraires », mettent-ils en garde.
Ils redoutent également que le système de santé français, fondé sur la solidarité, laisse place à un système mixte où la part des assurances privées augmentera.
Pour « assurer la sauvegarde de l’hôpital public », ils demandent donc de renoncer à l’objectif d’un mode de financement identique entre le secteur public et le secteur privé à but lucratif, de mettre en place une « couverture territoriale sanitaire afin d’assurer l’égalité d’accès à des soins de qualité à tarifs correctement remboursés » et d’interdire l’augmentation de la part du privé à but lucratif dans le système hospitalier et la réalisation de monopoles territoriaux des cliniques privées.
S’agissant de la tarification à l’activité (T2A), ils souhaitent un moratoire sur son extension à la psychiatrie, la création d’une institution indépendante chargée d’une révision transparente des tarifs, la mise en place de forfaits de prise en charge ambulatoire pour les pathologies chroniques et que le financement des missions de service public soit porté à 50% du budget hospitalier.
Enfin, la pétition vise à obtenir un équilibre entre la direction administrative, la direction médicale et la direction en soins infirmiers, à garantir le maintien des services et unités de soins où les équipes médicales et paramédicales assurent la continuité et la qualité des soins et à ne pas introduire dans les hôpitaux le paiement à l’acte et l’intéressement aux bénéfices « qui provoqueront des conflits d’intérêts préjudiciables aux usagers et à l’harmonie du travail d’équipe ».
En septembre 2007, le Pr Grimaldi et plusieurs médecins avaient déjà lancé une lettre-pétition pour demander l’arrêt de la montée en charge de la T2A, l’abandon de la convergence tarifaire entre les secteurs public et privé et s’opposant à la transformation de l’hôpital public en « hôpital-entreprise » (cf dépêche APM CBKIQ001).
Le texte de la pétitionest disponible sur le site www.appel-sauver-hopital.fr