La conférence ministérielle sur le droit d’asile organisée les 8 et 9 septembre par M. Hortefeux illustre parfaitement le fossé qui sépare la machine inter gouvernementale européenne des réalités humaines, des sociétés civiles et des attentes des citoyens d’Europe.
Le droit d’asile n’est plus aujourd’hui dans l’Union européenne qu’une peau de chagrin gérée comme une variable d’ajustement des politiques migratoires. La Coordination française pour le droit d’asile vient de publier un rapport accablant « La loi des ‘Jungles’ » sur le sort inhumain réservé à des milliers de demandeurs d’asile après la fermeture du camp de Sangatte. Or, l’après-midi de la conférence annoncée comme réservée à l’écoute des sociétés civiles s’est réduit à une succession de discours de hauts fonctionnaires se félicitant d’une coopération inter gouvernementale sans cesse plus serrée, les associations et ONG disposant ensuite de quelques minutes pour poser cinq ou six questions.
Trois heures de communication gouvernementale, trois quarts d’heure pour les citoyens : tel est le niveau de considération de la présidence française de l’Union européenne pour l’expression indépendante des sociétés civiles.
Après que plusieurs ONG eut exprimé leur frustration devant ce simulacre, le secrétaire général du ministère français de l’Identité nationale annonça qu’il rendrait compte demain aux ministres européens de « l’unanimité des ONG pour participer au processus ».
A ceux qui cherchent les causes de la désaffection spectaculaire et persistante des citoyens pour la construction européenne, cette conception du débat apporte une réponse dont on se demande si les gouvernants ont véritablement conscience aujourd’hui.