Article de La Dépêche du 17 octobre 2008 : Montauban. Pic de fièvre sociale à l’hôpital

Depuis hier et jusqu’à ce soir les praticiens du centre hospitalier observent une grève des soins relativement bien suivie …et même à 100% aux services des urgences.

Les praticiens en grève, hier matin lors du point presse. Deux jours de grève en milieu hospitalier et plus particulièrement touchant les praticiens c’est plus que rare. C’est pourtant la réalité depuis hier et jusqu’à ce soir au centre hospitalier de Montauban tout comme dans la majeure partie des hôpitaux publics de France. À l’appel de la confédération des praticiens hôpitaux (CPH et d’autres intersyndicales comme INPH) la grève des soins a débuté hier matin et était suivie avec un taux de mobilisation oscillant entre 50 à 60 % dans l’ensemble du CH (biologie, psychiatrie etc.) et à 100 % aux urgences. Sachant qu’un service minimum obligatoire fonctionnait. Le docteur Jean Paquis psychiatre et porte-parole des praticiens en grève expliquait doublement ce mouvement.

« On ne veut pas travailler plus longtemps et cotiser plus pour gagner moins. Car la baisse des pensions de l’IRCANTEC va être d’au moins 30 % à 35 %. En plus l’attractivité des carrières dans le public est loin d’être évidente.

Pénurie de médecins

L’hôpital peine à recruter des médecins qui préfèrent aller faire carrière dans le privé. Il y a aussi la réforme de gouvernance avec notamment l’examen la semaine prochaine du rapport de la mission Larcher (hôpitaux, santé et territoires). Et cette loi qui va battre en brèche l’indépendance des médecins par rapport à l’administration. Ainsi la nomination et la carrière d’un médecin seront du ressort du directeur qui le nommera. » La fièvre ne risque pas de retomber.


Le ras-le-bol des hospitaliers de Haute-Garonne Santé. En grève hier, les médecins redoutent la mort de l’hôpital public.

Les praticiens hospitaliers craignent pour l’avenir de l’hôpital public. Distribution de tracts et de plaquettes explicatives aux patients, la journée nationale de grève des praticiens hospitaliers aura surtout été l’occasion d’une journée d’explication sur le « malaise des personnels médicaux ». Motif principal de la grogne, les conditions de travail « de plus en plus dures », et qui se dégradent : « nous assurons un service de plus de 40 heures par semaine et des gardes de week-end et de nuit », ont précisé les syndicats qui appelaient au mouvement : INPH (Intersyndicale nationale des praticiens hospitaliers) et CPH (Confédération des praticiens), deux organisations qui représentent 80 % de ces personnels (500 à Toulouse).

Mais au-delà de ces pénibles astreintes, c’est sur l’ensemble de leur activité profession que les hospitaliers attirent l’attention : « en débutant nos carrières après plus de 12 ans d’études à 33 ou 35 ans, notre retraite, sauf à travailler jusqu’à 72 ou 75 ans, ne dépasse pas, dans l’état actuel du système de cotisations, 52 % de notre salaire ».

Résultat « si l’on n’y prend garde et si les choses continuent ainsi, plus personne ne voudra se diriger sur l’hôpital public ». Le manque de « vocations » est déjà patent. Et le processus, qui, à pourrait conduire à « la mort de l’instrument premier de la santé publique, semble déjà engagé », redoutent les personnels. Ainsi les salaires qui n’excèdent par 2 500 euros pour des postes de haute responsabilité. Et qui déclinent encore : « on embauche de plus en plus à temps à temps partiel, à 60 % payés 50 ! »

Bref, loin d’être « un simple mouvement d’humeur corporatiste », la grève d’hier se voulait aussi « un signal d’alarme » destiné à mettre en garde les patients et le public le plus large les sur la menace, bien réelle, de voir « s’installer une véritable « santé à deux vitesses ».