Dépêche APM du 29 octobre 2008 : Différences de recrutement public-privé

Les hôpitaux ont réalisé près des deux tiers des séjours médicaux et les clinique 60% des séjours en chirurgie en 2006, selon la Drees
PARIS, 29 octobre 2008 (APM) – La spécialisation de l’activité des établissements de santé en fonction de leur statut juridique se poursuit avec, en 2006, près des deux tiers des séjours médicaux réalisés à l’hôpital et 60% de la chirurgie effectués par les cliniques, indique une étude de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).

L’étude montre que les tendances observées depuis 1997 dans l’activité de court séjour (médecine, chirurgie, obstétrique, MCO) des établissements de santé se sont confirmées: baisse du nombre de lits (-1,2% en moyenne annuelle) au profit d’alternatives à l’hospitalisation complète (+4,5% en moyenne annuelle), croissance de l’activité MCO de 9,2 % entre 2003 et 2006 pour atteindre 16,5 millions de séjours et augmentation de 27% du nombre de séjours de moins d’un jour (6,5 millions de séjours)

En médecine, qui représente 59% de l’activité MCO, le secteur public prend en charge les deux tiers des séjours et cette part n’a pas évolué depuis plusieurs années. La part du secteur public est supérieure à 80% pour les pathologies relevant de la pneumologie et de l’endocrinologie, les maladies du système nerveux, les maladies infectieuses, les maladies en lien avec le VIH, les brûlures et les pathologies psychiatriques ou addictives.

Le groupe « vasculaire interventionnel » qui correspond à la pose d’endoprothèses vasculaires est le seul groupe d’activités de médecine pour lequel le secteur public n’est pas majoritaire avec 44% de part de marché contre 48% pour les cliniques privées. Les trois quarts des endoscopies sous anesthésie avec une durée inférieure à deux jours sont réalisées dans le privé.

Par ailleurs, « plus de neuf nourrissons et enfants en bas âge sur dix sont pris en charge par les hôpitaux publics », la part de ces établissements diminue ensuite progressivement et se situe aux alentours de 55% pour les patients de 55 à 84 ans et après cet âge, les personnes âgées sont traitées dans les deux tiers des cas par les hôpitaux publics.

Dans le domaine de la chirurgie, qui représente un tiers de l’activité de court séjour, les cliniques privées prennent en charge plus de la moitié des séjours.

« L’activité des cliniques privées domine (…) dans quelques groupes d’activités dont l’ophtalmologie et l’ORL (71% de prise en charge pour les cliniques privées), les soins pour les tissus cutanés et sous-cutanés (64%) ou le vasculaire périphérique (63%) », précise la Drees.

Les hôpitaux ont la « quasi-exclusivité » de la prise en charge de certains actes complexes et peu fréquents comme les brûlures (92%) ou la chirurgie des traumatismes multiples graves (97%) et « cette spécialisation s’est renforcée entre 2003 et 2006 ». En revanche, la part des établissements publics pour la neurochirurgie (59%) est en baisse de trois points par rapport à 2005, même si le volume des séjours a augmenté.

Les cliniques concentrent leur activité sur les actes simples, souvent réalisés en moins de un jour. Elles prennent en charge les trois quarts des actes de chirurgie ambulatoires.

Les traitements chirurgicaux souvent réalisés en moins de deux jours représentent un tiers de l’activité des cliniques. Ainsi, elles prennent en charge 76% de la chirurgie de la cataracte, 74% de la chirurgie des varices, 74% des arthroscopies, 72% des ablations des amygdales ou des végétations et des poses de drains transtympaniques et 66% de la chirurgie de la main et du poignet.

En obstétrique (784.000 accouchements en 2006), les maternités publiques accueillent près de deux accouchements sur trois (65%) par rapport à 28% pour les cliniques et 7% pour les établissements privés non lucratifs.

La Drees observe que « si la part du public pour la prise en charge des accouchements est stable ces dernières années, certaines activités d’obstétrique se sont redistribuées entre les secteurs, surtout entre les maternités publiques et les cliniques privées ». C’est le cas du traitement des affections ante-partum et des séjours divers d’une durée de moins de deux jours où la proportion des séjours réalisés par les établissements publics a baissé respectivement de 8 et 9 points entre 2003 et 2006.

En revanche, les affections de suites de couche sont de plus en plus traitées dans les hôpitaux publics (73% des prises en charge, +5 points entre 2003 et 2006). Les interruptions thérapeutiques ou volontaires de grossesse sont également majoritairement réalisées dans le secteur public (71% en 2006, soit +5 points entre 2003 et 2006).

Enfin, en cancérologie, la Drees a étudié trois des six spécialités chirurgicales soumises à des seuils d’activité minimale annuelle: les pathologies mammaires, digestives et urologiques.

Pour les cancers du sein, elle a dénombré 461 établissements (les 20 centres de lutte contre le cancer, 25 CHR/CHU, 120 CH et des cliniques pour plus de la moitié) qui pourraient recevoir une autorisation s’ils en faisaient la demande.

Pour les pathologies digestives, 574 établissements satisfont au critère de 30 interventions minimum sur un an: 14 CLCC, la totalité des CHR/CHU, près de 180 CH, environ 300 cliniques et une cinquantaine d’établissements privés à but non lucratif.

En 2006, sur les 398 établissements qui ont une activité suffisante pour prétendre à une autorisation pour les pathologies urologiques, un peu plus de 250 sont des cliniques, environ 70 des CH et une quarantaine des établissements du secteur privé à but non lucratif, dont quatre CLCC. Tous les CHR réalisent au moins 30 interventions chirurgicales pour ce type de cancer.

(La spécialisation des établissements de santé en 2006, Drees, n°664, octobre 2008)

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