GRENOBLE, 25 novembre 2008 (APM) – Le Conseil d’administration du centre hospitalier de Saint-Egrève (Isère) a adopté mardi à l’unanimité une motion réclamant la réintégration du directeur de l’établissement, suspendu à la suite du meurtre commis par un patient en fugue, a-t-on appris mardi auprès du président du conseil d’administration, Pierre Ribeaud (conseiller général socialiste de l’Isère).
Lors de la réunion du conseil d’administration, les membres du CA ont adopté mardi une motion dans laquelle ils expriment leur compassion à la famille de la victime de l’agression du 12 novembre et indiquent qu’ils ont respecté une minute de silence.
Ils font part de leur « étonnement » et de leur « désapprobation devant la mesure prise de suspension du directeur, avant même que les conclusions de l’enquête administrative, menée notamment par l’Inspection générale des affaires sociales, ne soient connues ».
Exprimant leur « solidarité » avec le personnel, ils demandent « la réintégration du directeur dans ses fonctions au centre hospitalier spécialisé de Saint-Egrève, dans l’attente et sans préjuger des conclusions de l’enquête en cours ».
Le directeur de cabinet de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, a fait savoir à des syndicats de directeur d’hôpital que la décision de suspension ne serait pas retirée (cf dépêche APM SNLKP003).
Environ 70 agents médicaux et non médicaux se sont réunis en assemblée générale lundi pour discuter des conséquences de la suspension du directeur et de la psychiatrie dans son ensemble, a-t-on appris lundi auprès de la CGT.
En plus de réclamer la réintégration du directeur, les personnels ont décidé lors de cette AG d’écrire une lettre au président de la République pour demander « des moyens en personnels qualifiés et en capacités d’accueil intra et extra hospitalières à la hauteur des besoins digne d’une société humaniste et civilisée ».
DES REACTIONS REGIONALES
La conférence régionale Rhône-Alpes des présidents de CME de CHS a déploré dans un communiqué rendu public vendredi la décision de suspension du directeur et l’a jugée « expéditive, arbitraire et dangereuse ».
« Le traitement de ces situations réclame sang-froid, analyse et réflexion », déclare la commission qui estime que les décisions du gouvernement risquent « d’aggraver le problème, en déstabilisant encore plus une communauté hospitalière déjà mise à mal et dans la peine ».
Les médecins, les directeurs des établissements en psychiatrie de la région et l’Union nationale des amis et familles de malades psychiques (Unafam) ont prévu de rencontrer le directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) dans la première moitié de décembre, a-t-on appris lundi auprès du représentant de la Conférence régionale Rhône-Alpes des présidents de CME de CHS, le Dr Angelo Poli.
« Nous voulons signaler nos difficultés régionales et le risque qu’elles s’aggravent si les moyens continuent à être réduits », a déclaré lundi soir à l’APM le Dr Poli, qui précise que sa région dispose d’un nombre de lits en psychiatrie inférieur à la moyenne nationale.
La fédération des services publics et de santé Force ouvrière du Rhône a également diffusé un communiqué où elle accuse le président de la République de « tenter, en orchestrant une campagne sur le thème de l’insécurité, de ressortir des propositions de loi assimilant la maladie mentale à une forme de délinquance qu’il avait été obligé, face à la levée de boucliers des organisations syndicales et professionnelles, de retirer de son projet de loi contre la délinquance ».
FO estime que le problème auquel sont confrontés les personnels, les patients comme l’ensemble de la population « n’a rien à voir avec ‘l’insécurité' » et regrette que les patients soient montrés du doigt alors que ce sont eux, et les personnes hospitaliers, qui sont « les victimes ». Il affirme aussi que la politique de réduction des lits a accentué les difficultés.
La sénatrice Nicole Borvo (Paris) qui préside le groupe communiste de la haute assemblée a également réagi à la suite de la suspension du directeur. Dans un communiqué, elle accuse le président de la République « d’instrumentaliser un drame humain au profit de ce qui ressort plus de l’affichage que de mesures de prévention et de soins » et lui reproche « d’oublier la situation catastrophique de l’offre de soins en psychiatrie publique ».