Dépêche AP du 2 décembre 2008 : Réactions mitigées au plan Sarkozy pour les établissements psychiatriques

Les réactions étaient mitigées après l’annonce mardi par Nicolas Sarkozy d’une révision de la loi sur les soins en psychiatrie. Ainsi, le Pr Jean-Pierre Olié, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne de Paris, a jugé « positif » un projet de loi permettant des soins ambulatoires sans consentement, mais s’est dit inquiet des mesures de surveillance des détenus par GPS et de la « démédicalisation » de la décision de sortie d’un patient.

Le chef de service, contacté par l’Associated Press, a jugé « positive la mise en place d’une loi permettant des soins ambulatoires sans consentement », qui répond, selon lui, à une « grande demande de tous les professionnels ». « Le patient sait qu’au regard de la loi, il est obligé de revenir en consultation ». Cette mesure « permet de diversifier l’offre de soins ambulatoire sans consentement », comme « les sorties d’essai et les injonctions de soins ».

Positifs aussi, selon lui, « l’annonce des investissements en psychiatrie pour mieux répondre aux situations de malades agités », tout comme l’hommage rendu par le président de la République « aux difficultés des missions de soins psychiatriques pour les patients non consentants ».

Jean-Pierre Olié a cependant trouvé « surprenant », la surveillance du patient par GPS. « Il est puni par sa maladie. J’y vois une confusion entre délinquance et maladie ».

De son côté le Dr Gérard Massé, président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital Sainte-Anne, a trouvé le plan annoncé par Nicolas Sarkozy « très complet et plus complexe qu’il n’y parait ».

A l’exception du « problème du bracelet » qui fera, selon lui, « discussion », Gérard Massé s’est félicité de « l’évolution des soins ambulatoires » qui étaient « attendus par la profession », tout en se montrant sceptique sur les « modalités de sortie » des patients, qui « feront appel à plusieurs professionnels », une organisation qui devrait « compliquer les choses ».

Pour le président de l’Union nationale des amis et familles des malades mentaux Jean Canneva, « la valorisation des professionnels » et « les augmentations de moyens dans certains secteurs » de la psychiatrie sont « une bonne chose », tout comme l’obligation de soins en dehors des hôpitaux.

En revanche, il a jugé que le reste des annonces présidentielles demandait « une concertation sérieuse » parce que « la liberté des gens, ça se discute ». « On ne peut pas modifier une loi avec des décisions simplement présidentielles », a-t-il relevé, demandant que la réforme respecte « la procédure normale ». « Il y a plein de détails qu’il faut absolument revoir avec les professionnels et les associations », a-t-il pointé.