Les réactions étaient mitigées après l’annonce mardi par Nicolas Sarkozy d’une révision de la loi sur les soins en psychiatrie. Ainsi, le Pr Jean-Pierre Olié, chef de service à l’hôpital Sainte-Anne de Paris, a jugé « positif » un projet de loi permettant des soins ambulatoires sans consentement, mais s’est dit inquiet des mesures de surveillance des détenus par GPS et de la « démédicalisation » de la décision de sortie d’un patient.
Le chef de service, contacté par l’Associated Press, a jugé « positive la mise en place d’une loi permettant des soins ambulatoires sans consentement », qui répond, selon lui, à une « grande demande de tous les professionnels ». « Le patient sait qu’au regard de la loi, il est obligé de revenir en consultation ». Cette mesure « permet de diversifier l’offre de soins ambulatoire sans consentement », comme « les sorties d’essai et les injonctions de soins ».
Positifs aussi, selon lui, « l’annonce des investissements en psychiatrie pour mieux répondre aux situations de malades agités », tout comme l’hommage rendu par le président de la République « aux difficultés des missions de soins psychiatriques pour les patients non consentants ».
Jean-Pierre Olié a cependant trouvé « surprenant », la surveillance du patient par GPS. « Il est puni par sa maladie. J’y vois une confusion entre délinquance et maladie ».
De son côté le Dr Gérard Massé, président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital Sainte-Anne, a trouvé le plan annoncé par Nicolas Sarkozy « très complet et plus complexe qu’il n’y parait ».
A l’exception du « problème du bracelet » qui fera, selon lui, « discussion », Gérard Massé s’est félicité de « l’évolution des soins ambulatoires » qui étaient « attendus par la profession », tout en se montrant sceptique sur les « modalités de sortie » des patients, qui « feront appel à plusieurs professionnels », une organisation qui devrait « compliquer les choses ».
Pour le président de l’Union nationale des amis et familles des malades mentaux Jean Canneva, « la valorisation des professionnels » et « les augmentations de moyens dans certains secteurs » de la psychiatrie sont « une bonne chose », tout comme l’obligation de soins en dehors des hôpitaux.
En revanche, il a jugé que le reste des annonces présidentielles demandait « une concertation sérieuse » parce que « la liberté des gens, ça se discute ». « On ne peut pas modifier une loi avec des décisions simplement présidentielles », a-t-il relevé, demandant que la réforme respecte « la procédure normale ». « Il y a plein de détails qu’il faut absolument revoir avec les professionnels et les associations », a-t-il pointé.