Dépêche APM du 30 décembre 2008 : Plusieurs inexactitudes dans la liste du ministère de la santé sur les lits en réanimation disponibles

(Par Caroline BESNIER et Marion HENRY)

PARIS, 30 décembre 2008 (APM) – La liste diffusée lundi par le ministère de la santé sur la disponibilité des lits de réanimation dans les hôpitaux d’Ile-de-France dans la nuit de samedi à dimanche comprend plusieurs inexactitudes, selon une enquête menée par l’APM auprès des établissements cités.

Après le décès dimanche d’un homme pour lequel le Samu 91 a mis près de six heures à trouver un lit de réanimation, la ministre de la santé a précisé lundi lors d’une conférence de presse que 11 lits de réanimation étaient disponibles en région parisienne dans la nuit de samedi à dimanche, estimant qu’il n’y avait « pas eu de dysfonctionnement structurel comme veulent le faire croire certains » (cf dépêches APM CBLLT004 et APM CBLLU001).

Lors de cette conférence de presse, le ministère a fourni aux journalistes une liste détaillée des dix établissements qui comptaient 11 lits de réanimation disponibles cette nuit-là, situés à Paris, dans les Hauts-de-Seine, dans les Yvelines, en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne.

Interrogée par APM, la direction de l’hôpital Foch à Suresnes (Hauts-de-Seine) a indiqué que ses 12 lits de réanimation étaient tous occupés dans la nuit de samedi à dimanche alors que le ministère précisait qu’un lit était disponible.

La direction du CH de Versailles a confirmé à l’APM que l’établissement avait bien un « lit de réanimation médico-chirurgicale disponible » en début de soirée. Toutefois, le Samu 78 a amené un patient vers 19 heures qui a été hospitalisé en réanimation, occupant ainsi le dernier lit disponible.

Elle n’était toutefois pas en mesure d’avoir des précisions sur le déroulement de la nuit, ni de savoir si le Samu 91 avait contacté le service en question, le médecin de garde dans la nuit n’étant pas joignable mardi après-midi. La direction a indiqué en revanche que le Samu 91 n’avait pas contacté le Samu 78.

Une source interne à l’hôpital privé du Vert Galant à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), qui appartient au groupe Générale de santé, a également indiqué que cet établissement n’avait pas de lit disponible en réanimation cette nuit-là. Cette information n’a pas pu être confirmée mardi par le groupe de cliniques.

S’agissant de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la direction générale a confirmé qu’elle avait bien eu cinq lits de réanimation médicale disponibles dans la nuit de samedi à dimanche.

Mais les établissements mentionnés par le ministère dans sa liste (Cochin (deux lits), Saint-Antoine, Lariboisière, La Pitié-Salpêtrière) correspondent aux disponibilités à 16 heures dimanche et non dans la nuit précédente.

La direction générale a précisé qu’à minuit samedi soir, deux lits de réanimation étaient en fait disponibles à Bichat, un à Lariboisière, un à Tenon et un à Henri-Mondor à Créteil. Un lit de réanimation chirurgicale était également disponible à Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Interrogé par l’APM, le Samu 75 a indiqué qu’aucun dossier n’avait été ouvert au nom du patient pris en charge par le Samu 91 dans la nuit de samedi à dimanche, ce qui signifie qu’aucune aide à la régulation n’a été demandée par le Samu 91, même si cela n’exclut pas un contact non formalisé. Alors que Roselyne Bachelot s’étonnait lundi de l’absence d’appel du Samu 91 au Samu 75, le Samu 91 a affirmé mardi matin qu’il avait bien contacté le Samu 75, rappelle-t-on.

S’agissant du CH de Meaux (Seine-et-Marne), la direction a confirmé qu’elle avait bien un lit de réanimation disponible dans la nuit de samedi à dimanche mais a précisé que le Samu 91 ne l’avait « pas contacté pour l’hospitalisation du patient en question ».

« Nous avons été sollicités par trois établissements cette nuit pour deux patients en dialyse et une femme enceinte », a poursuivi la direction du CH. « Nous n’avons pas pu accueillir les deux patients en dialyse car les postes de dialyse étaient déjà occupés et l’état de la femme enceinte s’étant améliorée, le lit est resté disponible », a-t-elle expliqué.

La direction du CH de Provins (Seine-et-Marne) a confirmé qu’un lit était bien libre dans la nuit de samedi à dimanche jusqu’à 6 heures du matin. Elle n’était toutefois pas en mesure de préciser si le service en question avait été contacté par le Samu 91, faute de pouvoir joindre le médecin de garde cette nuit-là.

La direction de l’établissement a simplement évoqué le cas de deux patients hospitalisés dans l’établissement, dont l’état ce soir-là pouvait nécessiter un éventuel transfert en réanimation.

La direction de l’hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines) n’était pas en mesure de confirmer mardi après-midi le nombre de lits disponibles en réanimation.

La ministre a répété mardi sur France 5 que 11 lits étaient bien disponibles durant la nuit de samedi à dimanche.

La liste a été transmise lundi lors de la conférence de presse et est « entièrement vérifiable; je n’invente pas ces lits », a-t-elle affirmé. Ces lits étaient « situés à moins de vingt minutes du service d’urgences », a-t-elle indiqué.

Plusieurs établissements de la liste, tels que les centres hospitaliers de Provins, Meaux et Mantes-la-Jolie se situent à plus de 60 km de Longjumeau (Essonne), note-t-on.

Interpellé mardi par l’APM sur les erreurs contenues dans la liste, le ministère a répondu qu’il fallait arrêter de commenter les chiffres sur les lits disponibles et qu’il fallait désormais attendre les conclusions de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas).

LE PATIENT N’AURAIT PAS SURVECU, SELON LE PARQUET

Les premiers résultats de l’autopsie du patient rapportés mardi en fin de journée par le parquet d’Evry, qui a ouvert une enquête, laissent penser qu’il n’aurait pas survécu même s’il avait été hospitalisé à temps, indique le quotidien gratuit 20 mn sur son site internet.

« Il faut rester très prudent » mais « vraisemblablement si on avait trouvé une place, ça n’aurait pas changé les choses », a indiqué une source proche du parquet.

L’autopsie a permis de mettre en évidence que le décès est dû à un problème cardiaque et que son coeur était en « très mauvais état ».

Ces premiers résutats doivent être étudiés plus profondément grâce à des analyses complémentaires qui prendront deux à trois semaines et par un collège d’experts comprenant notamment un cardiologue et un réanimateur, explique-t-on de même source.

cb/mh/eh/APM polsan