LA COLERE CONTRE LA LOI HPST AU CHRU DE LILLE

La fièvre monte au CHU de Lille


Dans le nord pas de calais plusieurs actions et rassemblements .. 400
médecins au CHRU (cf article de libé) ,2 à 300 personnes dans le cadre
du rassemblement intersyndical :CGT,CFTC,CPH,FO,INPH,SUD associant
toutes les catégories de personnel devant l’ agence régionale de
l’hospitalisation.Non à la politique de casse du service public non à
la politique de la peur .Une délégation a été reçue à l’ARH à laquelle
s’est joint l’UNSA .La coordination de défense des hôpitaux et
maternités de proximité était présente et le mouvement des universités
à rejoint quelques temps le rassemblement rappelant ainsi la
nécessaire convergence des luttes. Le mouvement se poursuit et
s’étend avec maintien du boycott des instances dans certains
établissements,non codage des actes ,multiplications des assemblées
générales ,prises de rendez-vous pour élaborer d’autres actions .

Pierre Paresys CPH, union syndicale de la psychiatrie

Article de la Libération 15/05/09

La fièvre monte au CHU de Lille. Environ 400 médecins de l’hôpital Huriez ont défilé contre la loi
Bachelot.

Par STÉPHANIE MAURICE LILLE, correspondance

La colère contre le projet de loi Bachelot a été longue à monter, mais
elle est désormais bien installée au CHRU de Lille : hier midi, ils
étaient 400 médecins, sur les 700 que compte l’établissement, à
défiler dans la cour de l’hôpital Huriez. Chefs de service, médecins,
professeurs, tous unis, pour une fois, dans la même bataille. «Je
n’avais vu ça», souffle une femme, les yeux ronds à regarder la ronde
silencieuse des blouses blanches.

Le geste de Nicolas Sarkozy, qui a consenti à un directoire collégial,
avec des médecins aux côtés du directeur de l’hôpital, a jeté de
l’huile sur le feu, au lieu de calmer le mouvement. «C’est un replâtrage, le chef de l’Etat a mis en avant le rapport Marescaux dont le président reprend plusieurs propositions sous forme d’amendements au projet de loi, mais finalement cela amène du flou et de l’incertitude», brocarde le professeur Bernard Cortet, rhumatologue. «Ce n’est intéressant qu’à la condition que ces médecins soient vraiment élus par leurs pairs, il faut que la base puisse discuter avec les instances», explique, calme mais décidée, Elisabeth Martin de Lassalle, médecin au service anatomie pathologique.

«Choquant». Le professeur François Fourrier, chef de service en
réanimation, approuve : «On nous fabrique un système de succession de
chefs, puisque le directeur de l’hôpital sera nommé par l’Agence
régionale de santé et portera le projet décidé par la conférence
régionale de santé.»«C’est-à-dire par le ministère de la Santé,
traduit Elisabeth Martin de Lassalle, c’est cela que je comprends.»

Un mode de décision vertical, de l’administration vers le terrain, qui
ne passe pas. Aujourd’hui, les médecins coordinateurs des pôles
hospitaliers portent la parole de leurs services. «Quand un nouveau
traitement apparaît, et qu’il nous paraît intéressant, nous le défendons pour l’appliquer à nos patients, mais là, le mouvement s’inverse», signale le Pr Fourrier. «Les décisions seront prises par l’Agence régionale, les médecins se sentent dépossédés. Qui mieux qu’un médecin peut savoir comment soigner un malade ?» insiste Anne Berra-Louvil,
rhumatologue.

«Quelle est l’idée de fond, finalement ? lance François Fourrier. C’est que l’hôpital n’est pas bien géré parce qu’il n’a pas de chef. Mais nous soignons des malades. Le mot rentabilité nous paraît souvent choquant.»

Le professeur Cortet le reconnaît : «Ce qui nous inquiète est plus
large que le projet de gouvernance, c’est le problème de fond de la
tarification à l’acte. La loi Bachelot porte en fait l’estocade
finale.» Depuis 2004, les hôpitaux ne disposent plus d’une enveloppe
budgétaire, ils sont payés selon les actes médicaux qu’ils
accomplissent. «On nous demande donc d’augmenter notre activité pour
être plus rentable», notent les médecins.

Ils sont tous d’accord sur les économies nécessaires mais critiquent
les aberrations du système : «Les critères ne sont pas médicaux. Ils
sont économiques, affirme le professeur Fourrier. Par exemple, vous
êtes hospitalisé pour une pneumonie grave. Je peux juste vous mettre
un masque à oxygène pour vous aider à respirer ou vous brancher des
tuyaux partout. Que préfère l’hôpital ? Les tuyaux, car ils rapportent
plus [dans la nomenclature de la tarification à l’acte]. Mais vous,
patient, vous préférez la technique la moins invasive. Moi,
aujourd’hui, je me moque de ce que pense l’hôpital.»

«Coercition». Mais demain ? Il craint «une forme de coercition
potentielle». Surtout dans une région extrêmement en retard, qui
manque de médecins, d’infirmiers et de lits. «Quand vous êtes dans une
situation où l’offre médicale est mauvaise, la population pas assez
soignée, et qu’on vous dit qu’il faut encore vous serrer la ceinture…»
Les médecins demandent le retrait du texte. Bernard Cortet ironise sur
la procédure d’urgence utilisée au Parlement. «Il faut prendre le
temps de la réflexion. Chez nous, les urgences sont seulement
médicales.»