Le problème d’une telle logique, est qu’elle ne cesse de se nourrir de ses propres échecs. Car plus on pratique la ségrégation plus on découvre de nouveaux individus dangereux, plus le principe de précaution doit s’appliquer à tous. C’est la même pente qui va de l’isolement des fous à la rétention des criminels dangereux jusqu’au dépistage des très jeunes enfants qui pourraient le devenir. La police des espaces ne génère pas la sécurité, elle engendre la peur, dont elle se nourrit.
La pensée bureaucratique ne cesse de l’entériner par l’effacement des questions au profit de l’accumulation des réponses. Des chiffres, encore des chiffres. Et pour cadenasser le tout, la machinerie des procédures tatillonnes réduit l’expérience humaine aux calculs de sa comptabilité, sans le moindre reste. A cette fiction réductrice il convient d’opposer une autre prise en compte du réel, de la tension, du conflit, de la faille, de l’impossible « vie en commun ». Non seulement l’espace de la cité n’est pas unifié, mais sa géographie est changeante. C’est un espace divisé, conflictuel et ouvert, qui ne se laisse pas circonscrire. Il y a de l’hétérogène, il y a du réel qui échappe. Ça ne parle pas nécessairement au bon moment au bon endroit : il y a des paroles folles, des retraits, des silences.
Plutôt que prétendre unifier les réponses, ne faudrait-il pas contribuer à ouvrir les questions, à les poser dans leurs formulations distinctes ? Puisqu’il y a des lieux distincts, puisqu’existent des discours différents qui ont leurs propres régimes de vérité, comment faire place dans l’espace public au singulier dont ils témoignent chacun à leur façon? Comment, à partir d’un lieu, se faire le passeur et transmettre à d’autres le réel de l’expérience ? Ce colloque invite à en faire cas, à partir de différents lieux de pratiques. vous trouverez le programme complet dans le document joint.