Un rapport parlementaire préconise des états généraux de la psychiatrie
MEDIAPAR du 03 Juin 2009 par Carine Fouteau Roselyne Bachelot avait promis une loi réformant la psychiatrie « avant l’été ». Mais la contestation suscitée par le projet de loi « Hôpital, patients, santé et territoires » incite les élus à la prudence. Dans un rapport rendu public ce mercredi 3 juin, l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé, constatant les « relations tendues » entre les pouvoirs publics et les psychiatres, plaide pour l’organisation préalable d’états généraux. Il dresse un état des lieux alarmant de la prise en charge de la santé mentale. Il préconise de limiter le recours à la contrainte dans les soins et notamment les pratiques d’isolement.
L’état « inquiétant » de la psychiatrie requiert des états généraux AFP du 3 juin 2009
PARIS (AFP) – L’état de la psychiatrie en France est « des plus inquiétants » sous l’angle de la prise en charge des patients, estime un rapport parlementaire qui préconise l’organisation d’états généraux de la santé mentale.
Le rapport, réalisé sous l’égide de l’Office parlementaire d’évaluation des politiques de santé (Opeps), a été publié mercredi. Selon le sénateur UMP Alain Milon, rapporteur du texte, « la psychiatrie, qui devrait être le pivot de la politique de santé mentale, est incapable d’assurer la prise en charge des patients ».
Il incrimine à cet égard des politiques de prévention et d’information « presque inexistantes », une détection « souvent trop tardive », des moyens hospitaliers « insuffisants et mal articulés avec les soins de ville », des traitements « agissant plus sur les symptômes que sur leurs causes ». Il note aussi que même si les dysfonctionnements sont connus depuis longtemps, « aucune réforme profonde de l’offre de soins psychiatriques n’a été conduite en France » depuis 1960.
En 20 ans, près de 30.000 lits et places ont été supprimés en psychiatrie, ce qui a transféré aux proches la charge de l’accompagnement. En outre, la première personne vers qui se tourne quelqu’un souffrant de troubles est le médecin généraliste, estimant qu’il est le plus à même de traiter sa condition dans son ensemble et craignant aussi d’être « étiqueté comme fou ». Mais le généraliste, note le rapport, est insuffisamment formé.
L’Opeps propose d’organiser des états généraux de la santé mentale qui réuniraient l’ensemble des professionnels concernés, au niveau régional puis national, et de mettre en place de façon expérimentale des groupements locaux pour la santé mentale. Il demande de renforcer la formation des médecins généralistes en psychiatrie et les coopérations entre professionnels de santé mentale, et de former des infirmiers en psychiatrie au niveau master.
Il insiste sur la nécessité d’améliorer les traitements et de faire un effort en faveur de la recherche, la France étant « mal placée » sur le plan international, même si elle est en pointe sur certaines pathologies comme l’autisme.
Au terme des Etats généraux et des expérimentations, il suggère le dépôt d’un projet de loi sur la santé mentale pour adapter l’organisation territoriale de la psychiatrie aux besoins de la population. Ce rapport sera suivi d’un deuxième s’intéressant aux maladies elles-mêmes et notamment à la prévention.
Selon Nicolas About, vice-président de l’OPEPS, les parlementaires espèrent ainsi « débloquer la réflexion » du gouvernement sur la loi attendue sur la santé mentale et le pousser à « avancer un peu plus vite ».