Arrêts de travail : manifeste des délinquants statistiques

« Chaque année, des dizaines de milliers de médecins rédigent des arrêts de travail. Ils le font dans des conditions difficiles en raison de la manipulation des chiffres d’arrêts injustifiés opérée par les caisses d’assurance maladie, et de l’utilisation politique qui en est faite.
On fait le silence sur ces dizaines de milliers de médecins, ou si l’on en parle, c’est pour les accuser.
Je déclare que je suis l’un d’eux.
Je déclare avoir arrêté des patients dont l’état de santé rendait le maintien au travail impossible ou dangereux pour leur santé. Je déclare que ma pratique m’expose à être attaqué pour délit statistique si je fais partie des médecins qui prescrivent plus d’arrêts de travail que la moyenne.
Nous, médecins signataires, ne voulons plus que le médecin chargé du contrôle décide seul de la pertinence ou non d’un arrêt de travail sur des critères arbitraires. » Alors qu’est annoncé un déficit grandissant des comptes sociaux essentiellement lié à la dégradation de la situation économique de la France, la caisse Nationale d’Assurance Maladie annonce que plus de 10% des arrêts de travail seraient injustifiés.
Le Ministre du Budget et la Ministre de la Santé de la Jeunesse et des Sports annoncent de concert un renforcement des contrôles de ces arrêts de travail jugés « abusifs », par les médecins contrôleurs des caisses et par des médecins contrôleurs mandatés par les employeurs.
Pourtant
1. Les indemnités journalières ne pèsent guère lourd dans le déficit global,
2. Les chiffres présentés par l’Assurance Maladie sont faux : ils ne correspondent pas au contrôle de l’ensemble des arrêts de travail sur une période donnée, mais à une présélection sur des arrêts de travail ciblés comme problématiques. Plus grave encore, est comptabilisée comme « injustifiée » avec désaccord notifié du médecin-conseil… la prolongation au-delà du contrôle d’un arrêt de travail justifié… sans que cette prolongation ait été demandée par le médecin prescripteur.
3. Une partie des indemnités journalières versées est la conséquence de défaillances administratives et des délais de traitement des dossiers.
4. Alors que dans les autres domaines de la médecine, il existe des recommandations de bonne pratique, rien de scientifique n’est publié sur la « durée recommandée » d’un arrêt de travail pour une situation donnée.
5. C’est donc uniquement l’avis du médecin contrôleur, sans concertation avec le médecin traitant qui détermine la justification d’un arrêt de travail.
6. Il suffit actuellement d’être dans les 25% des plus grands prescripteurs pour subir le harcèlement de la CPAM, sans aucune considération pour la pratique réelle. Dans ce contexte de mensonge et de manipulation politique des chiffres, des médecins dénoncent leur condition de « délinquant statistique potentiel » au regard des directives musclées de contrôle auxquelles ils peuvent demain tous être soumis, pour avoir simplement fait leur travail. Ils alertent leurs patients et leurs confrères sur la nouvelle gestion assurantielle de la « Sécurité Sociale » et demandent qu’un audit soit effectué sur les chiffres avancés par la CNAM. Dans ces conditions de manipulation politique des chiffres, ils refusent que le médecin chargé du contrôle décide seul de la pertinence ou non d’un arrêt de travail sur des critères arbitraires. Contacts presse :
Dr Jérémie Caudin : 06 83 01 31 46 JeremieCaudin@aol.com
Dr Christian Lehmann : 01 39 65 34 54 – 06 86 88 30 68 drclehmann@aol.com http://www.petitionduweb.com/manifeste_des_49_delinquants_statistiques-4218.html

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