Paris, le 7 août 2009 – Le ministre Eric Besson vient de rendre public le bilan de son plan d’action à Calais après trois mois de fonctionnement. Si des progrès sont à noter depuis l’existence de ce plan, il est cependant indéniable que le compte n’y est toujours pas.
Mais sur un plan pratique, si le gouvernement français veut améliorer un temps soit peu la situation du Calaisis, il ne doit pas laisser se détériorer celle qui prévaut à Paris.
Deux exemples :
1) A ce jour à Paris, plus de 70 personnes de nationalité afghane, titulaires d’une autorisation de séjour, sont en attente, pour certains depuis deux à trois mois, d’une place d’hébergement en CADA et dorment pour la plupart dans la rue ou dans des hébergements au jour le jour. Cette situation est de nature à ruiner tous les efforts de pédagogie déployés par nos équipes pour convaincre les personnes de stopper leur route migratoire et de ne pas se diriger vers Calais par exemple. Le dispositif national d’accueil est saturé. Sans création de nouvelles places en hébergement d’urgence ou en CADA, nul ne pourra faire de miracles. C’est pourquoi, nous demandons au minimum la création immédiate par anticipation budgétaire, des 500 places de CADA prévues au budget 2010.
2) Si à Calais de nombreux mineurs sont piégés dans « les jungles » sans que quiconque ne puisse leur offrir une réponse mesurée et adaptée de protection, à Paris la situation est actuellement différente.
La mise à l’abri dans un dispositif spartiate et limité quantitativement a tout de même permis à nos équipes de protéger, depuis Noël 2008, des centaines de mineurs étrangers, principalement afghans. Or, ce dispositif financé par l’Etat mais pour l’instant non abondé, est reconduit au mois le mois sans cohérence d’ensemble, sans possibilité de consolider les équipes. A ce jour, nous ne savons pas ce qu’il adviendra de ce dispositif au 1er septembre et pour combien de temps ni à quel hauteur il sera dimensionné.
A qui la faute ? Où est le centre de pilotage ? Ce dossier dépend t-il d’Eric Besson et du ministère de l’Immigration ? De Jean-Louis Borloo, de Benoist Apparu et du secrétariat d’Etat au Logement ? Du ministère des Relations sociales et de Xavier Darcos ? Mais surtout avons-nous vraiment à nous poser cette question ?
Le temps presse et nous appelons à un arbitrage de ce dossier au plus haut niveau. A Calais, comme à Paris, une réponse sécuritaire mariée à une insuffisance de réponse sociale et de protection prive des individus de leurs droits les plus essentiels.
Source et info
Pierre HENRY
Directeur général France terre d’asile
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