Article du Quotidien du médecin du 4 novembre 2009 : Une vaste étude chez des enfants de 3 ans – Des troubles du comportement liés au tabagisme in utero

C’EST PAR UNE liste impressionnante de complications que J. Hutchinson (York, Royaume-Uni) et coll. abordent le thème des troubles du comportement chez les enfants soumis au tabagisme in utero : grossesse extra-utérine, fausse couche, mort néonatale, prématurité ou petit poids de naissance. À ces tableaux catastrophiques, ils ajoutent, à l’âge de trois ans, des perturbations du comportement ou un déficit de l’attention avec hyperactivité.

Le travail s’est fondé sur des études antérieures, quelque peu contradictoires, sur le sujet, concernant essentiellement sur les garçons. Il a porté sur plus de 13?000 enfants, nés en 2000 et 2001, de 3 ans enrôlés dans la UK millenium Cohort.

Un déficit de l’attention avec hyperactivité.

De fait, les conclusions suggèrent une réceptivité différente au tabagisme in utero entre garçons et filles.

En ce qui concerne les garçonnets, si leur mère a fumé tout au long de la grossesse, il existe un risque significatif de déclarer des troubles du comportement ou un déficit de l’attention avec hyperactivité. La comparaison est établie par rapport aux fils de non-fumeuses, les risques sont d’autant plus élevés que la consommation tabagique est élevée. L’odds ratio pour le risque de trouble du comportement s’élève à 1,92 pour les enfants de grosses fumeuses (10 % des participantes), celui du déficit de l’attention avec hyperactivité se chiffre à 1,79 pour une mère grande fumeuse et 1,64 si elle fume modérément (12,5 % des participantes).

Quant aux fillettes, le risque ne semble porter que sur des troubles du comportement. L’odds ratio est estimé à 1,73 que la maman fume peu ou beaucoup. Curieusement, les fillettes nées de femmes ayant cessé le tabac au moment de la grossesse (12,4 % des participantes) ont des risques moins élevés que celles de non-fumeuses, notamment de survenue simultanée des deux troubles étudiés. Mais l’odds ratio de 0,61 (p = 0,035) ne prend sa significativité qu’après ajustement en fonction des critères sociaux et psychosociaux.

Ce travail montre cependant quelques limites. En effet, les auteurs précisent que le comportement de chaque enfant était rapporté par la mère. Une maman fumeuse n’aurait-elle pas tendance à minimiser des troubles du comportement de son enfant?? Autre limite possible, des femmes enceintes fumeuses, sous la pression sociale, pourraient nier fumer. Mais des études antérieures ont montré que le phénomène demeure marginal.

Les auteurs concluent sur le tabagisme élevé au cours de la grossesse comme marqueur de familles à problèmes psychosociaux, parentaux et à difficultés quotidiennes qui retentissent sur le comportement de leur enfant de 3 ans.

Dr GUY BENZADON

J Epidemiol Community Health 2009, édition avancée en ligne doi : 10.1136/jech.2009?; 089334.

Le Quotidien du Médecin du : 04/11/2009