Article du Quotidien du médecin du 30 novembre 2009 : Relations praticiens hospitaliers-ministère : L’heure est à la détente

Est-ce vraiment la fin de la guerre froide entre les praticiens hospitaliers et le ministère de la Santé ? Leurs quatre intersyndicats veulent y croire, à l’issue d’une rencontre avec le directeur de cabinet de Roselyne Bachelot.

« C’EST UN JOUR nouveau », commente le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), qui hésite encore manifestement entre le premier et le second degré.

Se plaignant depuis plus de six mois de la qualité de l’écoute qu’ils rencontraient au ministère de la Santé, les quatre intersyndicats de PH – INPH, CPH, CMH, SNAM – avaient fini par couper les ponts, refusant en particulier de se rendre aux réunions de concertation organisées avenue de Ségur autour de la loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoires). Après que, en désespoir de cause, ils en avaient ensemble appelé au Premier ministre, ils ont finalement décroché un rendez-vous à la Santé. D’abord avec le directeur de cabinet de Roselyne Bachelot, Georges-François Leclerc – c’était jeudi dernier –, puis avec la ministre elle-même – ce sera à la mi-décembre.

Le ton a changé. « Alors que depuis quelque temps, c’était  » circulez, y’a rien à voir « , on redécouvre les vertus du dialogue social, constate, amusé, le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux). Cette version complète ne manque pas de piquant. »« On est dans un dialogue retrouvé, de nouveau dans un jeu social à mes yeux normal », se réjouit pour sa part le Dr François Aubart, qui préside la CMH (Coordination médicale hospitalière).

Aux intersyndicats, le cabinet – récemment remanié, avec le retour du « monsieur hôpital » des premiers jours, Yann Bubien, devenu directeur adjoint du cabinet, chargé, précisément, du dialogue social – a presque promis la lune. La concertation pour la préparation des décrets d’application de la loi HPST ? Elle doit repartir (dès demain) sur de nouvelles bases, avec trois niveaux de décision : la direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins (DHOS), le cabinet et la ministre. Elle doit aussi être désormais mieux synchronisée entre les différents intervenants (syndicats, conférences, institutionnels…) ; des points d’étape doivent être formalisés. Surtout, promesse a été faite aux PH qu’aucun décret ne serait promulgué avant d’avoir été soumis à leurs représentants. Par ailleurs, le cabinet aurait accepté le principe de remettre sur la table l’ensemble des dossiers qui préoccupent les médecins hospitaliers, retraite et statut compris.

Pourquoi ce revirement ? L’agitation des praticiens de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris) a-t-elle fait peur au gouvernement ? Veut-il calmer le jeu avant de prendre des décisions douloureuses pour le secteur ? Les syndicats se perdent en conjonctures. La semaine dernière en tout cas, le ministre du Budget Éric Woerth n’a pas fait mystère de son souhait de serrer la vis aux dépenses hospitalières et de rendre l’institution plus « performante ».

K.P.

Le Quotidien du Médecin du : 30/11/2009