Article du Monde du 12 janvier 2010 : L’hôpital public supprime des emplois… depuis 2008

Les hôpitaux publics connaissent une baisse historique de leurs effectifs. Les Echos du mardi 12 janvier annoncent que 1 800 postes ont été supprimés, après 100 000 créations ces dix dernières années. Pour Cédric Lussiez, directeur de la communication de la Fédération hospitalière de France, ces suppressions de postes ont même eu lieu dès 2008, et non en 2009.

Il se réfère à la statistique annuelle des établissements du ministère de la santé. « Le chiffre agrégé sur lequel le gouvernement communique montre toujours une hausse parce qu’il prend en compte les salariés des maisons de retraites publiques, mais il y a bel et bien eu un retournement de tendance du côté des hôpitaux », souligne-t-il. Et ce, après une décennie marquée par de nombreuses créations de postes, principalement sous l’effet des 35 heures.

Ce n’est que le début des baisses d’effectifs, s’inquiètent directeurs d’hôpitaux et médecins, qui ont déjà dû réduire leur recours aux CDD et à l’intérim ces dernières années. Les établissements hospitaliers ont commencé à mettre en œuvre les suppressions d’emplois prévues d’ici à 2012, dans le cadre des plans de retour à l’équilibre des comptes. Plus de 10 000 suppressions de postes ont d’ores et déjà été annoncées, mais 15 000 pourraient s’avérer nécessaires.

« ON NOUS DEMANDE DE SOIGNER PLUS AVEC MOINS DE PERSONNELS »

Ces mesures d’économie ont été demandées par le gouvernement après un creusement des déficits des hôpitaux entre 2006 et 2008, pour atteindre 700 millions d’euros (sur un budget total de l’ordre de 55 milliards). Des déficits qui résultent du « sous-financement » accordé par l’Etat, dénonce Bruno Devergie, vice-président de la Confédération des praticiens des hôpitaux. « Le passage à la tarification à l’activité en 2005 était censé apporter des moyens supplémentaires. Mais il n’a pas permis de financer la croissance des besoins des établissements, notamment liées au vieillissement de la population », estime-t-il. « Le budget global accordé ne progresse plus que de 3 % par an, contre 4 % auparavant », explique de son côté Cédric Lussiez.

Nicolas Sarkozy n’a pas étendu aux hôpitaux la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, mais les personnels se considèrent comme les principales futures victimes de la rigueur demandée, dans la mesure où les salaires pèsent pour 70 % dans les budgets des hôpitaux. « On nous demande de soigner plus et mieux avec moins de personnels. Mais à force de supprimer, on ne pourra pas maintenir la qualité des soins », prévient Bruno Devergie.

Claire Ané