Article du Journal International de Médecine du 29 janvier 2010 : Criminels nés ?

Récidive du raccourci : le dépistage précoce scientifique des futurs délinquants !!! Par la neuro-imagerie. Tout le monde appréciera la précision de la notion de «sensibilisation amoindrie au sentiment de peur» vers l’âge de 3 ans associée à une criminalité accrue 20 ans plus tard !!!

L’amygdale je vous dis !! L’amygdale !!! Voici donc le nouveau credo des nouveaux diafoirus.

A quand un scanner systématique des gosses de 3 ans et de leur amygdale (pas celles qu’on a dans la gorge, celles du cerveau) ? Et à quand un démarche scientifique qui inclue systématiquement une réflexion sur les conséquences et risques socio-politiques de chaque découvertes ?

Sans oublier l’impact sur le cerveau des dérives sécuritaires…

JIM, 29 janvier 2010

Comme le montrent à l’envi romans et films policiers, le rôle de l’environnement psycho-social est reconnu depuis longtemps en matière de criminalité. Mais à la faveur des progrès techniques (en particulier dans l’imagerie cérébrale), des travaux éclairent aussi désormais certaines « bases neurobiologiques » de ce domaine.

Selon The American Journal of Psychiatry, une dimension organique serait ainsi à considérer dans le déterminisme des comportements délinquants. En exploitant une étude longitudinale commencée depuis plus de vingt ans, des recherches ont établi qu’une sensibilisation amoindrie au sentiment de peur (poor fear conditioning) dans l’enfance (vers l’âge de 3 ans) est associée à une criminalité accrue, vingt ans plus tard. Ce lien s’expliquerait par l’implication physiologique de l’amygdale dans la perception de la peur : un dysfonctionnement de cette structure cérébrale empêcherait de reconnaître le danger et favoriserait alors des comportements « plutôt intrépides » (relatively fearless). D’où l’installation d’un cercle vicieux : moins le sujet serait sensible aux conséquences négatives de ses actes, et plus il risquerait de s’engager dans des conduites délictueuses, en l’absence de frein où « la peur du gendarme » ne serait plus « le début de la sagesse ».

Chez l’adulte comme chez l’adolescent, plusieurs travaux (s’appuyant notamment sur l’apport de la neuro-imagerie fonctionnelle) ont confirmé cette relation entre un dysfonctionnement amygdalien précoce et une inclination ultérieure aux comportements anti-sociaux. À l’inverse, une réactivité accrue de l’amygdale est retrouvée dans les troubles anxieux, et ce phénomène semble constituer la base d’un conditionnement à une peur excessive.
Reposant largement sur les études de neuro-imagerie, ces travaux suggèrent l’implication probable de l’amygdale dans le déclenchement des comportements antisociaux et illustrent « la nécessité de prendre en compte tout l’éventail des facteurs pathogéniques possibles » pour établir « une compréhension plus complète du comportement antisocial ». Après l’hypothèse contestée d’un « chromosome du crime » dans les années 1960, serait-ce un retour partiel à la conception d’une criminalité innée ?

Dr Alain Cohen

Philipp Sterzer : Born to be criminal ? What to make of early biological risk factors for criminal behavior. Am J Psychiatry, 2009 ; 167 : 1-3.

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