Article du Parisien du 20 janvier 2010 : Les médecins hospitaliers toujours remontés après leur déjeuner à l’Élysée

Le Parisien 20/01/10

Nicolas Sarkozy veut éteindre l’incendie de la contestation qui gagne l’hôpital. Le Président de la République a même décidé de reprendre personnellement les choses en main. Pour cela, il a invité discrètement à déjeuner, mercredi 13 janvier à l’Élysée, 14 grands médecins, membres du Mouvement de défense de l’hôpital public. « Ce qui était étonnant, c’est que le président à commencé par dire à Roselyne Bachelot (NDLR : la ministre de la Santé) qu’il fallait trouver une solution pour apaiser ce conflit. Par la suite, elle ne s’est pas exprimée, pas plus que la ministre de la Recherche, Valérie Pécresse », indique un des médecins présents à ce déjeuner. Sarkozy était entouré de 3 de ses conseillers, Raymond Soubie, Arnold Munnich et Rafael Radanne. Parmi les médecins conviés figuraient Albert Bensman, de l’hôpital Armand-Trousseau (lire ci-dessous), Olivier Lyon-Caen, de la Pitié-Salpêtrière, et René Frydman, de l’hôpital Antoine-Béclère. « On a été surpris de voir que le nouveau directeur de l’agence régionale de santé d’Île-de-France, le socialiste Claude Evin, n’était pas là, pas plus que le directeur de l’Assistance publique, Benoît Leclercq. »

« Le ministère de la Santé a mené cette réforme à la hache »

Selon l’un des participants, « Nicolas Sarkozy a indiqué qu’il allait nous faire des propositions dans un délai d’un mois et demi. Mais il nous a indiqué qu’il ne voulait plus de déficits dans les hôpitaux, ce qui pour nous signifie qu’il y aura bien des suppressions massives de postes ». Le professeur Olivier Lyon-Caen ajoute « inquiet sur la façon dont le ministère de la Santé a mené cette réforme à la hache. Veut-on la fin du service public hospitalier ? Nous espérons que notre nouvel interlocuteur saura mesurer l’ampleur du problème ». Contacté hier, l’Élysée a confirmé l’existence de ce déjeuner en indiquant que « c’était le voeu du président d’écouter les revendications des médecins ». Le mouvement de contestation est lié aux annonces de 1 000 suppressions de postes en 2010 à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (APHP) et à d’autres menaces de réduction des coûts qui planent sur de nombreux hôpitaux de province. L’appel des 25 « mandarins » pour la défense de l’hôpital public, lancé le 16 avril dans les colonnes du « Nouvel Observateur », a fait tâche d’huile. La contestation monte et aujourd’hui, les relations sont très tendues entre les médecins et le ministère de la Santé.

Marc Payet

1000 praticiens prêts à démissionner

Le Mouvement pour la défense de l’hôpital public, qui rassemble des médecins et des infirmiers, est en plein essor. « Nous avons franchi la barre des 1 000 médecins qui veulent démissionner de leurs fonctions administratives à l’hôpital si le gouvernement ne modifie pas en profondeur son projet, indique le professeur André Grimaldi, chef de service à la Pitié-Salpêtrière. On est choqués par la brutalité de ces réformes. L’hôpital public est fragile, il est fait pour toute la population et remplit des missions essentielles. Or, c’est la logique comptable qui domine et des services vont être fermés car ils ne sont pas jugés assez rentables ».

M.P.