Dépêche APM du 26 janvier 2010 : La CME de l’AP-HP propose une série de réorganisations

PARIS, 26 janvier 2010 (APM) – La commission médicale d’établissement (CME) de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a approuvé mardi matin une série de projets de réorganisation pour 2010, a indiqué à l’APM son président, le Pr Pierre Coriat.

Lors de sa réunion, la CME « a réaffirmé que le retrait d’emplois soignants ne devait pas être une fin en soi mais être lié à des restructurations » et ce, dès 2010, relate Pierre Coriat.

Les projets définis par la CME pour 2010, qui ne concernent pas la logistique ni le siège de l’AP-HP, devraient permettre de dégager des « marges de manoeuvre » en termes d’emplois soignants et pourront donc servir de base à la construction de l’état des prévisions des recettes et des dépenses (EPRD), précise Pierre Coriat.

Il ajoute que la CME n’a pas chiffré le nombre d’emplois soignants qui pourraient être « retirés » par le biais de ces réorganisations mais qu’elle a demandé à la direction générale de l’AP-HP d’évaluer leur nombre.

La liste des projets acceptés par la CME susceptibles de servir de base à l’EPRD, dont APM a eu copie, portent notamment sur l’ouverture de nouvelles structures (à l’hôpital Rothschild -XIIème- et Port Royal -XIVème), la libération du site de Saint-Vincent de Paul (XIVème) de ses activités hospitalières et l’ouverture du bâtiment de biologie Jean Dausset à Cochin (XIVème) qui entraînera une restructuration de la biologie du groupe hospitalier dont l’hôpital fait partie.

La liste comprend aussi plusieurs opérations de transfert d’activités d’un hôpital à un autre: la chirurgie digestive d’Ambroise Paré (Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine) à l’Hôpital européen Georges Pompidou (HEGP, Paris XVème), la chirurgie digestive de l’Hôtel Dieu (Ier) vers Cochin (XIVème), l’activité des brûlés de Cochin vers Saint-Louis (Xème), l’hématologie de l’Hôtel-Dieu vers Saint-Antoine (XIIème) et des activités de l’hôpital Broussais (XIVème) vers d’autres établissements pour une fermeture du site.

La CME évoque aussi « l’optimisation de la permanence des soins conformément aux engagements pris lors de la révision des effectifs médicaux » et « l’optimisation des activités cliniques, notamment en soins de suite et réadaptation, en tenant compte en particulier des taux d’occupation des lits et des durées de séjour ».

LES GRANDS PROJETS PREVUS

Son président a présenté par ailleurs les projets « emblématiques » qui vont « sous-tendre le plan stratégique » 2010-14 de l’AP-HP et ceux qui seront réalisés à plus long terme.

Parmi eux, figure un regroupement des hôpitaux Bichat (XVIIIème) et Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) sur un seul site qui sera mené à bien après la période du plan stratégique.

Sont également mentionnés le regroupement des activités d’hospitalisation conventionnelle de l’Hôtel-Dieu sur Cochin, la libération du site Fernand Widal (Xème, qui pourrait être vendu) et la redistribution de ses activités dans les hôpitaux Lariboisière (Xème) et Rothschild, et un regroupement des activités de médecine-chirurgie-obstétrique à l’hôpital Bicêtre (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne) par un transfert d’activités de l’hôpital Paul Brousse (Villejuif, Val-de-Marne).

Un autre projet vise à « conforter » le groupe formé en Seine-Saint-Denis par Avicenne (Bobigny) et Jean Verdier (Bondy) en cancérologie, périnatalité et pédiatrie et dans la prise en charge de l’obésité.

Il est aussi envisagé de procéder à une « réduction » du nombre de centres lourds cardio-vasculaires, à organiser la neurochirurgie, la neuroradiologie interventionnelle et la neurologie « en un nombre limité de centres lourds » et de créer des centres intégrés dans la prise en charge médico-chirurgicale de l’obésité.

Les activités de polyhandicap seraient également « réorganisées » à partir des quatre centres actuels.

LA COMMUNAUTE D’ARMAND TROUSSEAU OPPOSEE AU PROJET DE TRANSFERT

La CME a également longuement évoqué mardi matin la réorganisation de la pédiatrie spécialisée d’ici 2014 par le biais d’une réduction du nombre de sites parisiens effectuant ces activités, impliquant un transfert des spécialités concernées de l’hôpital Armand Trousseau (XIIème) vers Necker-Enfants malades (XVème) et Robert Debré (XIXème) (cf dépêche APM SNNAJ002).

Il s’agit d’un problème « sensible », souligne Pierre Coriat.

« Si la pédiatrie générale doit être maintenue sur les quatre sites actuels (Armand Trousseau, Necker, Robert Debré et Bicêtre), il nous est apparu que l’offre de soins en pédiatrie spécialisée pouvait être satisfaite dans deux hôpitaux », indique le président de la CME, confirmant l’orientation adoptée il y a une semaine par le conseil exécutif de l’AP-HP.

Il justifie cette réorganisation par l’existence d’une offre spécialisée excédentaire du fait des modifications des prises en charge, l’importance d’obtenir une « masse critique », une démographie médicale « défavorable » et la nécessité de « prioriser » les investissements.

Or, les locaux de l’hôpital Armand Trousseau qui sont vétustes, auraient besoin d’un investissement de 100 millions d’euros pour être rénovés, souligne Pierre Coriat.

Il précise que la CME a entendu le président du comité consultatif médical (CCM) de l’hôpital Armand Trousseau, Noël Garabédian, qui a demandé que la position adoptée par le conseil exécutif soit revue.

Le Pr Garabédian a lu à cette occasion une déclaration de la « communauté du groupe hospitalier Armand Trousseau La Roche-Guyon », estimant que la réflexion stratégique a porté sur « les arguments essentiellement économiques ».

Dans ce texte, dont APM a eu copie, la communauté médicale d’Armand Trousseau explique que le départ des spécialités « affaiblirait les activités [de périnatalité et de pédiatrie qui seront] maintenues sur le site tout autant que celles qui seront transférées ».

Elle considère qu’il ne tient pas compte des prévisions démographiques prévues à la hausse dans l’Est parisien. Elle s’inquiète aussi des conséquences universitaires qu’il aurait, l’hôpital Armand Trousseau « formant un centre pédiatrique universitaire de premier ordre ».

« Les problèmes universitaires ne sont pas réglés mais il faudra les régler », confirme pour sa part Pierre Coriat.

D’autres chefs de service ont manifesté ces derniers jours leur mécontentement face aux orientations fixées par le conseil exécutif, d’après des courriers dont APM a eu copie.

Dans une lettre datée du 19 janvier, le président du CCM de l’Hôtel-Dieu et chef du service des urgences, le Pr Jean-Louis Pourriat, regrette que la reconversion de son établissement vers « quatre axes » (les urgences et leur aval, l’activité ambulatoire, la diabétologie et la santé publique avec des actions de dépistage, de prévention et d’éducation thérapeutique) ne figurent pas dans les orientations retenues par le conseil exécutif.

Il dénonce l’absence de « concertation » et d' »analyse stratégique » dans les choix faits, estimant que ces choix aboutiront à « la fermeture de fait » de l’Hôtel-Dieu.

Dans un courrier adressé à tous les médecins, le Pr Alain Gaudric, chef du service d’ophtalmologie de l’hôpital Lariboisière, estime que les regroupements envisagés d’hôpitaux et de services ne sont pas dictés « par un besoin de rationalisation médicale mais de compression de personnels décidée au sommet de l’Etat (…) ».

Il considère que les regroupements actuels se font de manière « sauvage » avec des diminutions d’effectifs, entraîneront « une réduction d’activité » sans pertinence réelle.

san/ab/APM polsan

SNNAQ002 26/01/2010 18:54 ACTU