La semaine dernière, cinq pompiers catalans ont été présentés à des millions de téléspectateurs comme des assassins de policiers : ils avaient été filmés à leur insu, à Dammarie-les-Lys, dans un supermarché où ils faisaient leurs courses en parlant entre eux… le catalan. Les fins limiers qui avaient récupéré la bande de vidéosurveillance de cette entreprise privée (destinée à « protéger » le commerçant contre les chapardages, chacun l’avait compris) n’ont pas hésité à prendre le catalan pour du basque, ni à considérer que parler basque en public signait une appartenance à ETA (les terroristes étant bien sûr si stupides qu’ils parlent toujours des langues étrangères en public…).
Ces cinq pompiers ont eu plus de chances de survie que le touriste brésilien tué « par erreur » par la police dans le métro de Londres en 2005 parce que la caméra de vidéosurveillance l’avait montré avec… un sac à dos « suspect ». Mais il est peu probable qu’ils reviennent de sitôt en France pour une autre formation de lutte contre le feu. Il est même permis de penser qu’ils se sentent mieux « protégés » depuis leur retour en Catalogne.
Lundi 22 mars, on apprend que dans certaines villes du sud-est de la France les caméras de vidéosurveillance sont utilisées pour verbaliser les propriétaires de véhicules en stationnement interdit. La « vidéoprotection » contre les dangers de la vie urbaine progresse à pas de géant…
Avant que les fumeurs et les propriétaires de chiens ne « respectant pas le caniveau » ne soient à leur tour l’objet de pareille sollicitude sécuritaire, la Ligue des droits de l’Homme tient à alerter les citoyens sur le rythme effréné de la contamination de certains élus locaux par le virus de la surveillance généralisée. La société des « miradors invisibles » n’est ni plus sûre, ni simplement supportable… y compris pour les « honnêtes gens qui n’ont rien à cacher », qu’ils soient français ou catalans.