Dépêche APM du 3 juin 2010 : Front uni des intersyndicats de praticiens contre la politique hospitalière actuelle

PARIS, 3 juin 2010 (APM) – Les intersyndicats de praticiens hospitaliers ont tenu jeudi une conférence de presse commune pour dénoncer la politique actuelle de la ministre de la santé sur l’hôpital, en particulier la réforme de la commission médicale d’établissement (CME).

La Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH), la Coordination médicale hospitalière (CMH), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) et le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes et biologistes des hôpitaux publics (Snam-HP) avaient déjà fait part mi-mars dans un communiqué commun de leur mécontentement par rapport à la concertation sur le projet de décret relatif à la CME (cf dépêche APM CBNCI003).

Le décret étant désormais publié (cf dépêches APM CBNDJ002 et APM CBNDJ003), ils ont rappelé leurs critiques sur les missions dévolues à la CME.

La présidente de l’INPH, Rachel Bocher, a regretté la « marginalisation » de cette instance et la « déresponsabilisation » des médecins. Pour le président du Snam-HP, Roland Rymer, la composition et le rôle de la CME prévus dans le décret sont « extrêmement délétères pour le fonctionnement de l’hôpital ».

Pour le président de la CPH, Pierre Faraggi, l’ensemble des médecins sont en « colère » car ils ne comprennent pas les raisons de cette « mise à l’écart du copilotage » des établissements. Selon un sondage effectué par la CPH entre le 10 et le 25 mai, 80% des 4.000 répondants ont fait part de leur « indignation et stupéfaction » par rapport à la sortie du décret sur la CME.

Pierre Faraggi pense toutefois que « l’onde de choc n’est pas encore vraiment arrivée » dans les hôpitaux car les réformes ne sont pas encore mises en oeuvre et qu’il revient aux intersyndicats d’expliquer l’impact de ces réformes pour mobiliser les praticiens.

« Nous voulons une gouvernance participative et médicalisée », pas pour défendre des intérêts catégoriels mais parce que « nous savons que c’est la seule façon d’aboutir » aux adaptations nécessaires, a poursuivi le président de la CMH, François Aubart.

Ils ont tous insisté sur le risque de démotivation des praticiens qui ne se mobiliseront donc pas pour mettre en oeuvre les dispositions sur la gouvernance hospitalière de la loi portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires (HPST).

Les intersyndicats demandent l’abrogation du décret. Cela permettrait de corriger une « erreur historique » et de donner un « signal fort » aux professionnels, a souligné la présidente de l’INPH.

Pour Pierre Faraggi, il faudrait également déposer un recours commun contre le décret sur la CME. Les trois autres intersyndicats réfléchissent encore à cette option. Pour François Aubart, le problème est davantage de nature politique que juridique.

Un tel recours a été déposé fin mai par les quatre intersyndicats contre le texte sur la conférence régionale de la santé et de l’autonomie (CRSA) en raison de la place limitée réservée aux praticiens au sein de cette instance.

REVALORISATION NECESSAIRE DU STATUT

Ils ont insisté par ailleurs sur l’importance de revaloriser le statut de praticien hospitalier afin de le rendre plus attractif et de réduire le nombre de postes vacants à l’hôpital. Ils demandent l’ouverture de négociations sur ce point.

Pour François Aubart, le projet de texte sur les emplois de clinicien hospitalier est « risible » par rapport à ce qu’il faudrait proposer pour faire face aux problèmes actuels.

S’agissant de la retraite, Roland Rymer a demandé la signature dans un « délai extrêmement court » des textes sur les mesures de compensation de la baisse des pensions Ircantec (Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’Etat et des collectivités publiques) et sur la part hospitalière des hospitalo-universitaires. François Aubart s’est interrogé sur l’intérêt de laisser « pourrir » le dossier des retraites et a également exigé qu’il soit réglé rapidement.

Plus largement, Rachel Bocher a évoqué une « incompréhension totale avec les pouvoirs publics ». « Nous sommes actuellement dans une colère blanche », a-t-elle déclaré. Pour François Aubart, il y a un « sentiment d’exaspération » car « la méthode pour traiter les problèmes de l’hôpital » n’est pas la bonne. « La coupe est pleine », a dénoncé Pierre Faraggi.

« Nous sommes extrêmement inquiets sur la situation de l’hôpital et nous appelons très solennellement à ce que ce gouvernement, et surtout le ministère de la santé, prennent vis-à-vis de nos organisations, et donc de la communauté médicale, une posture différente de celle que [Roselyne Bachelot] a tenue depuis plusieurs mois », a conclu François Aubart.

cb/ab/APM polsan

CBNF3004 03/06/2010 19:37 ACTU