Les quatre organisations de PH exigent son retrait
C’est, une fois n’est pas coutume, tous ensemble que les quatre intersyndicats représentant les praticiens hospitaliers ont fait un casus belli du décret révisant le mode de représentation des médecins à l’hôpital. Ils demandent son abrogation pure et simple.
LA COORDINATION médicale hospitalière (CMH), la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH ), l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) et le Syndicat national des praticiens des hôpitaux (SNAM-HP) tenant une conférence de presse commune : la situation ne s’était pas présentée depuis plusieurs années.
Jeudi dernier, les chefs de file du syndicalisme médical hospitalier ont voulu alerter l’opinion. Avec des nuances dans le propos. Pour le Dr Pierre Faraggi, président de la CPH, « les médecins lancent un cri de colère car la coupe est pleine ». Le Dr François Aubart, président de la CMH, préfère parler d’« exaspération ». Le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, note « une incompréhension totale avec les pouvoirs publics ». Le Pr Roland Rymer enfin, qui préside le SNAM-HP, regrette un « un problème de gouvernance » hospitalière.
La publication du décret révisant les missions de la communauté médicale d’établissement (CME) a mis le feu aux poudres. Le texte est « aux antipodes de ce que nous avions demandé », résume Pierre Faraggi (CPH). Les médecins, et pas seulement les présidents de CME, se sentent écartés du pilotage des hôpitaux. Après des années de nouvelle gouvernance façon Hôpital 2007, le rétrécissement des prérogatives accordées aux CME est vécu comme une marche arrière. Pire, un signe de défiance. « La réforme Mattei, s’il y a un point sur lequel elle a capoté, c’est bien sûr le fonctionnement des pôles », analyse Roland Rymer (SNAM-HP). Qui prévient : « Si les chefs de pôle ne bénéficient pas d’une délégation de gestion importante, la réforme [Bachelot, NDLR] sera mort-née ». Les quatre intersyndicats médicaux demandent l’abrogation du décret sur les CME. Ils envisagent de déposer un recours, comme ils l’ont fait la semaine dernière à propos d’un autre texte, relatif cette fois à la mise en place des CRSA (Conférences régionales de la santé et de l’autonomie). Dans un cas comme dans l’autre, « la marginalisation du corps médical, relégué au rang de prestataire », est très mal vécue, souligne Rachel Bocher (INPH).
D’autres dossiers en suspens échauffent les esprits. La « bombe à retardement » des comptes épargne temps (un dossier qui inquiète également les personnels – voir encadré), mais aussi la retraite. « Aucun corps de métier en France n’accepterait une telle baisse de sa pension, expose Roland Rymer (SNAM-HP). Deux textes sont prêts à ce sujet, un pour les PH, un pour les PU-PH. Nous demandons à ce que le ministère de la Santé les signe et les sorte avant la fin du mois de juin ». Le futur statut de clinicien hospitalier, prévu par la loi Bachelot, ne fait pas davantage recette. François Aubart (CMH) fustige « un CDD abominablement ficelé ».
La ministre de la Santé n’est pas en odeur de sainteté. « Roselyne Bachelot ne nous laisse aucune marge de manœuvre. Elle donne l’impression que le monde de l’hôpital ne l’intéresse pas », estime Rachel Bocher (INPH). Pierre Faraggi promet de ne pas en rester là. S’appuyant sur une enquête menée par la CPH, selon laquelle « les deux tiers des PH demandent des actions pour prendre l’opinion à témoin », il n’exclut pas d’appeler à la mobilisation d’ici peu.
D. CH.
Le Quotidien du Médecin du : 07/06/2010