Article du Quotidien du médecin du 9 janvier 2013 : Soins psychiatriques : la France en retard par rapport à ses voisins

« Au regard de ses voisins européens, la situation française présente un certain retard en matière d’intégration de la psychiatrie à l’hôpital général, mais aussi et surtout en matière de développement des structures d’hébergement et services d’accompagnement de la psychiatrie à l’hôpital général, mais aussi et surtout en matière de développement des structures d’hébergement et services d’accompagnement de la personne souffrant de troubles psychiques dans sa vie quotidienne », souligne l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé (IRDES) dans une étude récemment publiée portant sur l’évolution des dispositifs de soins psychiatriques en Allemagne, Angleterre, France et Italie (pour le consulter http://www.irdes.fr/Publications/2012/Qes180.pdf).

Entre ces pays, les « différences culturelles mais aussi le mode de financement de la santé et de ses différentes composantes (ambulatoire, hospitalier, sanitaire, social) semblent jouer un rôle important dans l’organisation des soins », considère l’auteure, Magali Coldefy (IRDES) qui a réalisé son article à partir d’une communication au colloque annuel de la Word PsychiatricAssociation.

Processus de désinstitutionalisation

Ainsi, le processus de désinstitutionalisation orchestré dans ces quatre pays a engendré d’importantes fermetures d’hôpitaux tant en Angleterre qu’en Italie. En France et en Allemagne, ce mouvement s’est opéré par une « simple réduction et restructuration des services ». Dès lors, la proportion des offres publiques et privées s’avère très variable au sein de ces pays : « Plutôt faible en Allemagne et en France (8 et 35 %), l’offre privée est majoritaire en Angleterre comme en Italie » (près de la moitié du total des lits psychiatriques).

En Angleterre, le gouvernement a investi depuis vingt ans un budget important dans les soins de proximité. Résultat : outre-Manche, les hôpitaux affichent un faible taux d’admission annuel, de l’ordre de 300 pour 100 000 habitants contre 1 240 en Allemagne, 1 000 en France et 800 en Italie. « Cette situation s’explique entre autres par le travail des équipes mobiles de proximité » intervenant au côté des services sociaux, ce qui permet de maintenir le patient dans le milieu familial, précise l’auteure.

Approches alternatives

En France, « si une politique spécifique a été mise en œuvre, privilégiant un meilleur équilibre entre soins fournis au sein des hôpitaux et de la communauté, le développement des alternatives à la prise en charge hospitalière à temps plein reste insuffisant », note l’IRDES.

En pratique, « l’implication des usagers et de leurs proches dans le projet thérapeutique, à travers notamment les concepts de rétablissement et d’ »empowerment » ou de responsabilisation, comme dans l’exemple anglais demeure embryonnaire en France », commente l’auteure qui appelle à poursuivre et enrichir les travaux sur la qualité des services à la population et l’amélioration de la qualité de vie des patients dans chacun de ces pays. En outre, « la place du secteur privé dans la prise en charge des soins psychiatriques est peu documentée et mériterait de plus amples développement », conclut l’auteure de l’étude.

DAVID BILHAUT