Article de La voix du Nord du 22 novembre 2013 : Lesquin: le cri d’alarme de Médecins Solidarité Lille pour les Roms

Par françois Flourens

L’association Médecins solidarité Lille veut interpeller les pouvoirs publics sur la situation sanitaire déplorable des Roms chassés de Villeneuve-d’Ascq et installés sur un terrain du conseil général, face à l’hôtel Mercure de Lesquin .

Pour pénétrer dans ce camp sauvage situé à l’entrée de Lesquin, le port des bottes est tout simplement indispensable. Une boue épaisse et collante aura de toute façon raison de vos mocassins si d’aventure vous tentez l’expérience. Au milieu d’un fatras d’immondices et d’objets de récupération, des rebus de distribution alimentaire n’attendent plus que le passage des rats, qui ont de quoi festoyer.

Les quinze familles installées dans des caravanes rafistolées de bric et de broc, elles, ne sont pas à la fête. Il y a encore quelques jours, deux d’entre elles devaient se contenter d’une simple tente. Mais les premiers frimas les ont dissuadées de persister. Alors on se serre désormais un peu plus dans les caravanes. Marie Laure Frys, médecin, et Maïté Dubois, infirmière de formation, accompagnées d’Héléna, une étudiante roumaine qui fait office de traductrice, connaissent bien les lieux. Elles passent ici tous les quinze jours. Mais beaucoup de Roms viennent les voir directement au centre, boulevard de Belfort à Lille, ouvert tous les jours. Un bus assure également deux consultations in situ par semaine sur quatre terrains dans la métropole.

À leur arrivée, les visages s’éclairent d’un large sourire. Commence alors la série des consultations. Le médecin ausculte un petit bout atteint d’une infection pour laquelle il est déjà traité par antibiotiques. « On voit beaucoup de problèmes infectieux dans le camp, principalement dus au froid et à l’humidité. On observe aussi pas mal de problèmes cutanés, de surinfections liées aux conditions de vie et d’hygiène auxquelles ils n’ont pas du tout accès. On peut leur apporter des soins de médecine générale avec les médicaments bien sûr. Mais ce qui leur manque essentiellement c’est de vivre dans des conditions décentes sur un terrain sec avec des sanitaires et un système de ramassage des déchets. » Le médecin confirme l’existence de cas de tuberculose, « mais on n’est pas dans une situation d’épidémie. »

Dans une des caravanes, Marie Paule Frys et Maïté Dubois s’attardent auprès d’un nourrisson de trois jours que la maman a mis au monde sur place. Le bébé a déjà fait connaissance avec l’hôpital. On l’a prénommé Rudo, peut-être un prénom prédestiné, parce qu’il lui faudra être bien rude pour subir ce régime à la dure.

Médecins Solidarité Lille, boulevard de Belfort à Lille. 03 20 49 04 77.