Le patient est toujours « usager », placé au centre de l’hôpital, qui se trouve parfois à son domicile, lorsqu’il est pris en charge en soins sans consentement, sans qu’aucune mesure de contrainte ne puisse alors être mise en œuvre s’il ne consent plus au « programme » de soin ; voire majeur protégé – de lui-même ? – s’il ne l’entend pas comme son entourage ou les intervenants médico et/ou sociaux. Pendant ce temps les soignants hospitaliers sont empaquetés de confiance. L’usine à gaz de la formation continue ne parvient pas à produire autre chose que des procédures administratives ou des recommandations statistiques, vapeurs toxiques pour la fragile inspiration de la conduite des relations de soin. Où se déformera la formation initiale pour laisser place à une pratique substantielle et assumée ? Dans un contexte scientiste de retour à un hygiénisme normalisateur, réglementé, chiffré et comptable, que sont nos pratiques devenues ? Une stratégie nationale de santé devrait « organiser les soins pour proposer à chaque usager un parcours conforme à ses besoins, à son profil et à ses difficultés… combattre l’injustice des barrières dans l’accès aux soins ». Les stratèges accouchent donc d’un « pacte territoire santé », « pour faire reculer les déserts médicaux » (mais on ferme encore des services, des hôpitaux). Ça, c’est une affaire d’aménagement du territoire. L’accès aux soins n’est-il pas aussi, et même surtout, une histoire d’accueil, c’est-à-dire de disponibilité et de disposition psychiques des soignants – et de la population – ? Alors, comment s’organiser dans les territoires afin que les soins psychiques y aient de l’espace pour se déployer ?
Le changement maintenant les orientations en l’état, il faut poursuivre l’analyse pour tenter de sortir de la stupeur.