Article du Quotidien du médecin.fr du 10 décembre 2014 : Pascal Terrasse (PS) tacle Touraine : « Une société ne se réforme pas à coups de hache »

Pascal Terrasse, secrétaire national du Parti socialiste (PS) en charge de la protection sociale, souhaite que le gouvernement entame une médiation avec les professionnels de santé, et plus particulièrement les médecins, opposés au projet de loi de santé. « Tous les professionnels du secteur public comme du privé sont en colère contre cette réforme, a-t-il relevé, lors d’une rencontre des Asclépiades*, ce mercredi à Paris. J’ai fait part au Premier ministre qu’une mission parlementaire pourrait contribuer à débloquer la situation. »
La fermeture des cabinets des médecins libéraux et la grève des gardes lors de la dernière semaine de décembre, suivies de l’arrêt d’activité des cliniques à compter du 5 janvier, inquiètent les pouvoirs publics.
Selon le député PS de l’Ardèche, la fronde médicale contre la réforme majeure du système de santé du quinquennatHollande commande un nécessaire travail de pédagogie.
« Il y a des incompréhensions et le report en avril de l’examen parlementaire de la loi n’est pas inutile pour entamer un travail d’explication et de médiation, a-t-il affirmé. Une société ne se réforme pas à coups de hache. »
« Il faut expliquer, parler aux professions de santé et aux responsables syndicaux, aux médecins. J’incite Marisol Touraine, ses équipes, à rencontrer le plus largement possible ceux qui peuvent s’opposer à la loi », insiste Pascal Terrasse, pour qui, notamment, « l’inquiétude de la FHP (sur le secteur II,NDLR) doit être écoutée. »

Le tiers payant oui, l’obligation non

Cette médiation qu’il appelle de ses vœux permettrait de renouer le fil avec la profession mais aussi de la rassurer. « J’entends des choses fausses d’un côté comme de l’autre, déclare le député. Cette réforme ne nationalise pas la médecine libérale et le conventionnement n’est pas remis en cause. »
Sur le tiers payant généralisé en ville, Pascal Terrasse ne défend pas l’obligation (prévue dans la loi de santé) mais plutôt le volontariat : « Peut-être faudrait-il laisser la possibilité à ceux qui le souhaitent de le pratiquer et aux autres non. » Un discours d’ouverture qui tranche avec la fermeté affichée par Marisol Touraine.
Le secrétaire national du PS reste toutefois convaincu que la dispense d’avance de frais pourra se mettre en place en France comme dans de nombreux pays européens (Royaume-Uni, Allemagne…), qu’elle ne sera pas inflationniste, réduira le recours aux urgences et intéressera aussi des praticiens (moins d’impayés, pas d’argent liquide manipulé…). Pascal Terrasse, qui se qualifie lui-même de « réformateur » et « pas frondeur », souhaite que cette concertation permette « d’enrichir » un texte qui, selon lui, renforce la prévention et facilite l’accès aux soins.

Christophe Gattuso

* Organisées par « Décision Santé »