Le 16 décembre 2014, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture le projet de loi relatif à la réforme du droit d’asile. À travers ce texte, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, se félicite de rendre à ce droit fondamental « sa place entière dans la tradition républicaine ».
Cette euphorie, nous voudrions la partager. Mais sans moyens (financiers, humains, matériels), comment espérer une nette amélioration de la situation ? Un des objectifs affichés du projet de loi est l’hébergement digne pour tous les demandeurs d’asile, mais la réalité financière, c’est 44,9 millions de baisse des crédits consacrés à l’accueil depuis deux ans. Une telle baisse touche à l’accompagnement des demandeurs d’asile. Or, moins d’accompagnement, c’est moins de sécurité, moins d’acceptabilité des structures d’accueil sur les territoires.
Chacun comprendra alors notre grand scepticisme face à un affichage politique en décalage avec les difficultés réelles de mise en œuvre que rencontreront d’ici quelques mois les acteurs de terrain.
Décidément, en ces temps troublés, nul n’est prophète en son pays.
Pierre HENRY, Directeur général de France terre d’asile
(extrait de la Newsletter n°79 – Décembre 2014)