Séminaire. Pratiques de la folie et psychanalyse, à partir du 6 janvier 2016

Pratiques de la folie et psychanalyse.

Le séminaire se tiendra à l’IPT, 83 bd Arago, 75014 Paris
Les mercredis
6/01, 3/02, 16/03, 6/04 à 21 heures.

Je propose de continuer le travail entrepris l’an passé, en m’efforçant de déplier quelques éléments théoriques qui étaient implicites dans la lecture que j’ai proposée du désaliénisme de Lucien Bonnafé.
Je ne reprendrai pas le détail de la lecture de ces textes. On peut se reporter à deux articles dans lesquels j’ai ramassé mon propos, à la suite du séminaire. Le premier est à paraître dans la revue Sud/Nord, (Eres ed.) au mois de décembre 2015, dans un numéro spécial consacré à Jean Oury. Je m’y suis attaché à faire valoir la distinction radicale de la position de Bonnafé d’avec le courant de la Psychothérapie Institutionnelle. Le second aborde plus directement la question du statut de la psychanalyse dans le champ psychiatrique. Il parait en octobre dans la revue Psychanalyse, n° 34, toujours aux éditions Eres.

Cette année, il s’agira d’expliciter quelques points théoriques qui charpentent cette analyse.

– Que l’orientation de la psychiatrie à laquelle j’ai fait référence ait été nommée « critique », n’est pas un propos trivial, mais doit être explicité. La question de la « critique » est en effet à l’ordre du jour, comme le montre le débat médiatique actuel sur « le silence des intellectuels » (de gauche).
Sagissant de la critique, je m’en tiendrai à la relecture par Foucault du texte de Kant : « Qu’est-ce que les lumières ? ». J’en déduirai une suspicion légitime à l’égard de toute « bonne » psychiatrie auto-proclamée, et de tout modèle normatif.

– Que la folie soit fait de langage et non pas fait de nature se déduit du fait de l’énonciation qui lui est inhérente : pas de fou qui ne soit dit tel. Proposition universelle. Je proposerai de faire le lien avec des considérations plus vastes concernant le langage et l’être (Barbara Cassin qualifie Lacan de sophiste), et j’en préciserai la portée par la référence à l’analyse des « discours ». Le terme, introduit par Foucault et immédiatement repris par Lacan, désigne deux formations langagières différentes dans leur portée conceptuelle et leur implication éthique. Les pratiques cliniques sont à penser selon ces deux points de vue distincts.

– Enfin, si la parole du fou est dite par Lacan « hors discours » (L’étourdit) et si Freud tout d’abord la pense inapte au transfert, il est pourtant un fait avéré que les pratiques de la folie effectives – celles qui font l’ordinaire de la psychiatrie – sont pratiques de la parole. Comment en rendre compte ? Comment s’y repérer ? Faut-il se soutenir de dispositifs « techniques », « institutionnels » pour y faire face ?

Je proposerai de faire un détour par l’invention du politique, selon Hannah Arendt. Pour elle, les grecs ont inventé une forme, une proposition logique pour prendre en compte l’imprédictible et l’incalculable, soit les effets structuraux de ce qu’elle nomme « la pluralité ».

Franck Chaumon