CONTENTION ET ISOLEMENT : DES SOIGNANTS FORMULENT DES PROPOSITIONS…

En réaction au lobbyisme d’une majorité de psychiatres qui maintiennent envers et contre tout que la contention physique est une mesure thérapeutique, le syndicat SUD, l’Union syndicale de la psychiatrie (USP) et l’association Soins, études et recherche en psychiatrie (Serpsy) (1) ont été reçus par Denys Robiliard, député du Loir-et-Cher, ancien rapporteur de la Mission parlementaire sur la santé mentale et l’avenir de la psychiatrie présentée en décembre 2013. En raison de ses liens étroits avec les professionnels et les usagers, le député est apparu très au fait des problèmes de privation de liberté en psychiatrie en lien avec la loi de santé (article 13). Il souhaite ainsi réintroduire une dimension psychologique un peu moins manichéenne.
Bien qu’aucune recherche ne l’ait jamais démontré, les mesures d’isolement et de contention sont de fait considérées comme thérapeutiques et donc de la responsabilité du psychiatre (à la fois juge et partie). Si on envisage ces mesures comme des privations de liberté, elles doivent être évaluées et soumises à un contre-pouvoir, comme c’est le cas dans d’autres pays.

Deux mesures pourraient être envisagées :
– Le juge des libertés et de la détention est présent, au moins une fois par semaine, dans les hôpitaux psychiatriques, il n’existe donc pas d’obstacle à ce qu’il valide ou non ces mesures de privation de liberté. Il est en effet paradoxal que le juge vérifie la conformité d’une admission en psychiatrie mais laisse faire sans intervenir des isolements et des contentions qui peuvent parfois durer des mois.
– Par ailleurs, face à une situation de violence, les soignants sont tenus d’établir une fiche d’événements indésirables. Ces fiches étant centralisées et analysées collectivement à fin de retour d’expérience, pourquoi ne pas faire de même avec la contention ? Le processus qui y mène sera repris et analysé d’une façon contradictoire (avec des soignants d’autres équipes), et des mesures alternatives examinées.

Au final, le député et les soignants se sont retrouvés autour de l’idée que ce n’est pas en interdisant la contention qu’il y en aura moins. Entre la suppression des études d’infirmiers spécialisés en psychiatrie, la diminution du nombre de soignants et l’appauvrissement de la réflexion clinique en psychiatrie, il existe tout un domaine qu’il convient de mettre en questions. D. Robiliard est prêt à aller plus loin et à continuer à travailler autour de ces espaces.

1– Les personnes reçues étaient N. Derabours et J. Vigne, ISP, SUD, P. Gasser, psychiatre, USP et D. Friard, ISP, Serpsy.