Tranches de vie, Réflexions d’un infirmier par Dominique Sanlaville

Au travers de quelques cas, au travers de la vie d’un hôpital, des services que j’ai connus et des collègues et des malades que j’ai rencontrés, j’ai essayé de transmettre mon expérience, et surtout de mettre en évidence ce qui me semble indispensable dans la relation avec le malade.

Des anecdotes, des textes simples à lire, abordables par tous et parfois volontairement humoristiques, présentent ce monde obscur de la psychiatrie qui fait peur mais qui est souvent le reflet de celui des gens normaux. Des cas concrets illustrent les différentes pathologies. Et au fil des pages se dessine une réflexion qui redéfinit ce que doit être le soin.

C’est aussi l’histoire de cette psychiatrie qui s’est peu à peu dépsychiatrisée, déshumanisée… La façon de comprendre, de considérer et d’accepter la maladie mentale a beaucoup changé. Les impératifs budgétaires, les protocoles et une médicalisation trop importante ont réduit peu à peu l’activité du soignant à des gestes techniques, aseptisés et rentables. La psychothérapie a disparu, le mot inconscient n’est même plus prononcé. Les électrochocs et les attaches reviennent en force. On ne prend plus suffisamment le temps d’écouter et de comprendre le patient, de connaître son histoire et celle de sa maladie. Il faut surtout le normaliser, effacer ses symptômes pour qu’il ressorte au plus vite, avec bien souvent comme seule aide son traitement médicamenteux. On a oublié que c’est la relation surtout qui est porteuse du soin. Et sans cette relation thérapeutique, le travail de l’infirmier risque d’être vidé de son sens.

En fin de carrière, j’ai l’impression que ce métier n’est plus fait pour moi, je m’y sens mal et parfois même, il m’arrive de ne pas être très fier de ce que je fais. Je constate que mes jeunes collègues ne sont plus motivé(e)s et veulent s’en aller. Le mal-être en psychiatrie ne concernerait plus seulement que les patients…

Dominique SANLAVILLE, infirmier en psychiatrie depuis 1977.

Livre