Pour renforcer la prévention, la détection et la prise en charge des risques psychosociaux concernant le personnel médical hospitalier, il faut une structuration du pilotage national, selon un rapport de l’inspection générale des Affaires sociales.
Jusqu’à très récemment, les risques psychosociaux concernant le personnel médical hospitalier étaient soit passés sous silence soit non décelés, voire niés. Le drame survenu en fin d’année 2015 [le suicide d’un médecin, ndlr] à l’hôpital européen Georges-Pompidou a certainement libéré la parole et accéléré une prise de conscience de la souffrance au travail. Tel est l’un des constats dressés dans rapport de l’inspection générale des Affaires sociales (Igas) consacré aux risques psychosociaux (RPS) des personnels médicaux et élaboré avec la contribution de l’inspection générale de l’Administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR).
En la matière, la mission d’inspection souligne l’important décalage entre les textes de niveau législatif et réglementaire, les propositions issues des rapports sur le sujet et la mobilisation sur le terrain. Le ressenti des personnels concernés, les situations portées à la connaissance de la mission font que la prévention, la détection et la prise en charge des risques psychosociaux ne peuvent rester au niveau du texte ou à la pose actuelle des cadres d’actions et doivent donner lieu à une véritable stratégie nationale de la qualité de vie au travail et de prise en charge des RPS du personnel médical hospitalier et plus globalement des soignants, juge l’Igas.
Cahier des charges national
Les inspecteurs préconisent la création d’une mission nationale et dont le champ de compétences pourrait s’étendre à l’ensemble des professionnels de santé. Cette structure serait chargée de la mise en oeuvre de la stratégie nationale, avec un objectif : créer un véritable outil de pilotage des politiques liées à la prévention, au traitement des RPS et à la qualité de vie au travail.
Toutes les situations signalées à la mission démontrent une gestion quasi inexistante de la situation de souffrance du personnel médical hospitalier tant en termes d’écoute, d’orientation, de prise en charge de la souffrance que de l’addiction, expose aussi le rapport. Ses auteurs suggèrent de fédérer les dispositifs associatifs existants sur la base d’un cahier des charges qui relèverait des attributions de la mission nationale, assurant ainsi les bonnes pratiques et l’accessibilité sur l’ensemble du territoire national.
Comme d’autres constats d’inspection, celui-ci considère que les RPS et le management sont indissociables. D’où le rappel de la nécessité de professionnaliser la nomination des chefs de service et des chefs de pôle sur la base de fiches de poste précisant les profils, les compétences attendues, notamment sur le plan du management, et en formalisant les modalités de sélection au sein de chaque établissement. En matière de formation, des axes de progrès sont identifiés, notamment s’agissant du travail en équipe.