Dans une lettre du 21 avril dernier, le Syndicat national des psychologues (SNP) dénonce des propos et décisions récents de la Haute Autorité de Santé (HAS) visant à opposer ou exclure certaines techniques dans le champ de la prise en charge de l’autisme. Ces préconisations portent sur le diagnostic de l’autisme et autres troubles envahissants du développement des enfants et adolescents de moins de 18 ans. Elles ont pour objectifs d’optimiser le repérage ainsi que d’homogénéiser les pratiques et procédures de diagnostic.
Elles ont été imposées comme normes d’intervention pour des établissements et des professionnels. Il est évident que ce n’était pas le propos de la HAS, mais la présentation des méthodes et leur comparaison ont permis à certaines instances d’en conclure à l’absence de choix possible entre les différentes approches. L’instruction n°DGCS/SD3B/CNSA/2015/369 relative à l’évolution de l’offre médico-sociale accueillant et accompagnant des personnes avec troubles du spectre de l’autisme a incité certaines Agences régionales de santé à faire usage de ces préconisations pour apprécier l’offre des structures accueillantes des enfants et adultes autistes et à conditionner le renouvellement ou l’octroi de crédits à la mise en application de l’ensemble des recommandations interprétées dans un sens restrictif.
Dans une réunion du comité de pilotage «Psychiatrie et santé mentale», le Dr Bernard Odier, Président de la Fédération française de psychiatrie, critique cette instrumentalisation des recommandations de la HAS : «Le fait que la HAS soit consciente du statut des recommandations n’a pas empêché une tendance grandissante à l’assimilation des recommandations au règlement, en particulier dans le secteur médico-social ». Un représentant de la HAS à cette même réunion a rappelé que «la HAS a toujours fait valoir que les recommandations constituaient un état de l’art à un moment donné et non une norme contraignante. Elles doivent pouvoir être adaptées aux situations cliniques et en particulier au patient que le médecin a en face de lui». Il précise que« […]la HAS est preneuse des critiques qui peuvent l’aider à améliorer ses méthodes.».
Le SNP appelle donc la HAS à notifier que ses recommendations étaient à titre indicatif et affirme que seuls les professionnels sont à même d’évaluer la pertinence de leurs actes. La SNP demande donc avec fermeté que cessent les injonctions qui préconisent ces méthodes.
Source : Lettre à la HAS pour une approche plurielle de l’autisme