Entre la démarche d’accréditation des examens, souvent mal perçue, et la concentration des laboratoires, attirer de jeunes praticiens vers la biologie médicale s’avère compliqué. Mais à l’heure des nouvelles technologies, la profession mise sur ses atouts pour redorer son blason.
Pas facile d’attirer la jeune génération vers la biologie médicale lorsque la profession dénonce d’une seule voix la « trop lourde » procédure d’accréditation – obligatoire sur la totalité des examens – et la financiarisation croissante du secteur. Malgré ces nuages, la profession, réunie lors d’un colloque à Paris, veut croire en des jours meilleurs.
Cette désaffection saute aux yeux au regard des choix de poste d’internat après les ECN. En 2017, la dernière place de biologie médicale a été pourvue au 8363e rang sur 8 372 candidats. En 2016, le dernier poste partait au 8119e rang sur 8 123 candidats. Certains choisissent cette spécialité uniquement dans l’optique de repasser les ECN l’année suivante. Le malaise a amplifié ces dernières années. En 2010, le dernier poste de biologie médicale était pris par le 4943e candidat sur 6 960.
Défendre l’expertise
Comment redonner aux jeunes biologistes l’envie d’avoir envie ? En leur expliquant le plus tôt possible en quoi consiste le métier, suggère Louis Lacaille, biologiste aux Hospices civils de Lyon (HCL). « Il faut s’adresser aux étudiants dès l’externat pour qu’ils connaissent mieux la biologie médicale, ajoute-t-il. Nous devons les inciter massivement à se former et aussi mieux faire connaître notre rôle auprès du grand public ».
En libéral, l’amélioration de l’attractivité passe d’abord par le fait de « revaloriser l’aspect médical de la spécialité », qui se serait « perdu » au fil des rachats des laboratoires par les groupes financiers, souligne le Dr Claude Cohen, président du Syndicat national des biologistes médicaux (SNBM). « Aujourd’hui, le volet médical de notre activité est éclipsé par l’aspect financier : on parle davantage d’argent et de productivité que de médecine, assure le Dr Cohen. Nous devons mettre en avant notre expertise de bioclinicien : 70 à 80 % des avis médicaux reposent sur des examens de biologie, nous aidons nos confrères à la décision, ne l’oublions pas. »
L’accréditation, pas si mal ?
Dans les hôpitaux, « les tâches rébarbatives liées à l’accréditation sont chronophages et se font au détriment de l’activité biologique », affirme aussi le Dr Hélène Mammeri, biologiste à l’hôpital Antoine-Béclère (AP-HP). Quant au statut de PU-PH en biologie médicale, il permet « peu d’évolution de carrière », déplore le Dr Mammeri.
Dans ces conditions, il faut miser sur le travail en équipe pour attirer les internes, d’autant que les nouvelles technologies et la miniaturisation des machines d’analyse conduisent à des collaborations plus originales. « Aujourd’hui, nous travaillons avec des informaticiens et des ingénieurs qui nous permettent d’évoluer vers d’autres applications de la biologie, par exemple la génétique des tumeurs », indique le Pr Jean-Marc Lacorte, chef du service de biochimie endocrinienne et oncologie à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP).
Certains veulent aujourd’hui tirer profit de l’accréditation obligatoire. « Elle ne fait pas rêver mais cela a permis de démontrer notre aptitude à nous adapter, argumente Louis Lacaille. Nous avons fait des efforts considérables et cela nous a permis de gagner du temps. » Surtout, même si l’accréditation est contraignante pour les labos, « elle est un vecteur de qualité qu’il faut défendre », insiste le Pr Jean-Marc Lacorte. Un autre message pour valoriser la spécialité.
Marie Foult
| 14.12.2017
Source : Le Quotidien du médecin n°9627