Communiqué de soutien aux personnels du Rouvray : Quand la Non-assistance à personne en danger est nommée « progrès médical »
Depuis plus d’une semaine un mouvement de lutte inédit se déroule dans le champ
psychiatrique à l’hôpital psychiatrique du Rouvray. Après avoir commencé une grève illimitée depuis deux mois, des personnels ont décidé de se mettre en grève de la faim le 22 mai 2018 pour alerter et arrêter les destructions massives des soins prodigués aux patients des secteurs psychiatriques de cet hôpital.
Cette grève de la faim pour empêcher la fin de l’outil de soin lui-même est une forme extrême de lutte où la conflictualisation désormais impossible dans le champ social ne trouve que le lieu du corps pour s’exprimer.
Nous souhaitons soutenir les personnels en lutte ainsi que les patients et leurs familles qui sont l’objet d’une telle destruction du soin. « Les progrès médicaux », « les innovations dans les organisations de soins », les « améliorations de la qualité » ne sont que les mots publicitaires d’une non-assistance à personnes en danger généralisée à l’échelle d’un hôpital, d’une population et d’un pays.
Non-assistance à personnes en danger pour les patients et les soignants du Rouvray et d’autres hôpitaux en lutte.
Non-assistance à personnes en danger quand les formes de lutte des personnels deviennent difficiles voire inopérantes car ils pallient au quotidien les destructions entreprises depuis de nombreuses années.
Non-assistance à personnes en danger quand la conscience éthique devient souffrance.
Non-assistance à personnes en danger quand toutes ces réorganisations produisent des suicides au travail, des suicides de patients ayant des troubles psychiques, du désespoir et de la souffrance de leurs familles.
Non-assistance à personne en danger devant la grande difficulté d’accès aux soins, les carences voire les absences de soins, pouvant aller jusqu’au décès, chez les personnes prises en charge dans les hôpitaux généraux.
Cette non-assistance à personne en danger s’avère, en réalité, une non-assistance à société en danger.
Amplifions le cri poussé par les personnels du Rouvray, et faisons nous en l’écho afin qu’il devienne insupportable aux oreilles du pouvoir. Convergeons vers le Rouvray, convergeons vers tous les lieux en lutte, convergeons jusqu’à nous retrouver pour créer le contre-pouvoir nécessaire afin de conjuguer résistance au présent et création au futur.
Reims, le samedi 2 juin 2018
Les 400 participants aux rencontres de la C.R.I.E.E
(Collectif de Recherche sur l’institutionnel et l’éthique) à Reims
http://lacriee51.blogspot.com/