La mobilisation exceptionnelle et inédite des soignants depuis cet été, a témoigné de l’asphyxie de la psychiatrie et permis que le manque de moyens humains soit unanimement reconnu.
Plus personne ne peut ignorer :
– La dégradation de l’hospitalité et des soins dus aux patients : augmentation du recours à la contrainte, hypermédication, suivi rendu impossible, délais d’attente inacceptables
– Le désespoir des infirmiers contraints à des pratiques contraires à leur éthique et dénaturant le sens de leur métier
– La détresse des patients et de leurs familles devant la banalisation des pratiques archaïques de contention et d’isolement
Aux dires de la ministre et du lobbying d’un courant de pensée en psychiatrie, non seulement cette situation serait la conséquence de l’insuffisance du rattachement de la psychiatrie à la médecine, mais encore, tout serait résolu si les maladies psychiatriques étaient considérées et traitées comme « des maladies comme les autres » !
Cette conception de l’homme et des maladies mentales réduit la souffrance psychique à un dysfonctionnement du cerveau. Les patients subissent alors une prise en charge sans écoute ni accompagnement, qui leur interdit d’interroger le sens de ce qu’ils traversent et ignore la singularité de leur souffrance.
Nous, collectif des 39, tenons à rappeler que la psychiatrie est au carrefour de plusieurs disciplines : médecine, biologie, psychologie, psychanalyse, sociologie, anthropologie, philosophie… C’est la mise en perspective de ces différents champs qui signe la spécificité de la psychiatrie et permet une réelle hospitalité pour la folie.Cette conception nécessite des moyens humains et des formations qui placent la dimension relationnelle au cœur du soin : sans relation pas de soin psychique !
Or il n’y a rien dans les mesures annoncées par la ministre de la santé qui apporterait des réponses quant aux moyens humains, et qui permettrait aux soignants, par exemple, d’échapper à la fonction d’agent du « code-coche-cote » sur leurs ordinateurs. Il n’y a rien qui supprimerait les processus d’évaluation, d’accréditation et de « démarche qualité», si chronophages et qui, chacun le sait, s’opposent à la rencontre.
Traiter les différentes maladies au lieu de prendre soin de la personne malade, tel est le nouvel étendard brandi par le ministère : et ils osent appeler ça progrès et innovation !!
Le collectif des 39 soutient les mouvements qui entrent en résistance pour la défense d’une hospitalité suffisamment bonne pour la folie et s’associera aux initiatives qui luttent contre cette arnaque.
26 septembre 2018 collectif39
ARNAQUE en vue : le plan BUZYN – Aucun espoir d’être mieux soignés pour les patients en psychiatrie