Tribune libre
Les gilets jaunes, d’une manière ou d’une autre, nous montrent que malgré les efforts de Macron, ils sont restés vivants et humains. Les entendre dire : « Ce qu’on fait, c’est pour tout le monde ! », et mettre en avant la fraternité et la répartition des richesses n’est-il pas d’abord réjouissant ? La violence que l’on peut dénoncer reste sans commune mesure avec celle à l’œuvre par l’Etat depuis 18 mois ! En octobre 2017, nous écrivions : « Qu’on se le dise : Emmanuel Macron, nouveau coach de tous les Français, a choisi pour la Santé mentale de consacrer tous les moyens, disponibles ou pas, à une seule « thérapie » : un choc de précarité, de souffrance sociale et au travail pour secouer les fainéants, les cyniques et les extrémistes afin qu’ils se décident enfin, comme notre président et notre ministre du Travail, à rapidement gagner des millions, s’acheter un costume et être heureux… Emmanuel Macron sait ! L’USP préconise un « thérapie » qui n’abandonne pas et qui défend les principes de solidarité et de cohésion sociales. L’USP appelle à rejoindre et soutenir tous les mouvements, groupes et actions non fascisantes entreprenant de stopper ce carnage. » (communiqué Appel pour le 10 octobre : Non à la dictature comptable !) . Ce gouvernement a promu un mode de gouvernance simple comme on l’a vu pour la santé sur la base de COPILs où une belle feuille de présence vaut démonstration du débat et de concertation (communiqué Buzyn : feuille de déroute de la psychiatrie). « En même temps », le gouvernement faisait preuve d’une rare violence à l’égard des supposés jouisseurs et/ou profiteurs de situation ou de statut : cheminots, fonctionnaires, chômeurs, malades, retraités, migrants, allocataires, etc. en les livrant à la vindicte populaire ; il s’agissait de déclencher des attaques envieuses (je peux casser le beau joujou qu’ils ont) ou haineuses dont l’ampleur vérifiée par sondage valait vérité (un algorithme mesurant l’envie). Cette industrialisation de la stratégie du bouc-émissaire là où elle est artisanale au Front national semble avoir ici trouvée ces limites. Cette politique vise à dresser les Français les uns contre les autres, pour mieux les soumettre, elle détruit tout ce qui fait lien, elle encourage la haine, la violence, elle est néfaste pour la santé ! Cette politique n’a donc visé qu’à soumettre les travailleurs, les contraindre à accepter n’importe quelle tache quelque en soit le revenu et le niveau de précarité. C’est à une casse sociale sans précédent que se livre ce gouvernement. Ce sont à la fois les services publics – notamment de Santé –, le droit du travail et l’université qui sont attaqués. Et l’aggravation des inégalités précarise encore plus les personnes en souffrance psychique dont nous assurons la prise en charge avec des moyens de plus en plus réduits. Tout doit conduire à rendre docile et formaté pour les entreprises : la loi travail, la formation professionnelle et l’Education nationale ; ParcourSup favorise la discrimination par quartier et par école, tend à favoriser l’orientation vers le privé, prépare la future compétition entre les facultés, les lycées et les écoles et la compétition sociale pour leur accès. La casse le la médecine du travail par fragilisation statutaire des médecins, les attaques à leur égard avec la complicité de l’Ordre des médecins (communiqué Employeurs, harcelez tranquilles, l’Ordre des médecins vous protège !), la casse de l’inspection du travail vont dans le même sens. Il ne s’agit pas d’une erreur comme on l’entend parfois, ou d’une faute de jeunesse, mais bien d’une stratégie cohérente. Même la psychiatrie est instrumentalisée pour soumettre en la réduisant à l’adaptation et à l’éducation ou à une machine exclure les « inemployables ». Ainsi concernant la psychiatrie publique, avec une habileté sans égale, Madame Buzyn en organise la disparition en la réduisant à ses dimensions éducatives, sécuritaires ou de traitement de symptômes (communiqué Buzyn, feuille de déroute de la psychiatrie) tout en laissant pourrir toutes les situations locales, au Rouvray, à Amiens, à Paris, à Niort à Saint Etienne, etc. (communiqué Une rentrée animée pour sauver les institutions psychiatriques). (https://www.uspsy.fr/Le-monde-de-la-sante-selon-Macron.html) Même s’il est trop tôt pour analyser la situation, la colère d’avoir été berné permet aujourd’hui, autour des ronds-points d’échanger et partager sur la disparition des services publics, des petites lignes, des hôpitaux de proximité, du partage, de la redistribution, de l’injustice etc. … Cela doit nous encourager à continuer à travailler la convergence comme le week-end prochain à Créteil avec Convergence Nationale des collectifs de défense et de développement des services publics (https://www.convergence-sp.fr). Nous n’avons plus rien à attendre de ce gouvernement et face à cela, l’USP renouvelle son appel à soutenir toute lutte ou mouvement non violent et non fascisant permettant de mettre fin à cette politique. Pierre Paresys, vice-président de l’USP