Pour un accueil inconditionnel et digne des personnes aux Urgences
Nous, citoyen.ne.s signataires du Manifeste du Printemps de la psychiatrie «Pour un renouveau des soins psychiques», qui commence par ces mots :
« La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus. Depuis déjà plusieurs décennies, ceux qui les font vivre ne cessent de dénoncer leur désagrégation et de lutter contre le déclin dramatique des façons d’accueillir et de soigner les personnes qui vivent au cours de leur existence une précarité psychique douloureuse. En vain le plus souvent. Ce qui est en crise, c’est notre hospitalité, l’attention primordiale accordée à chacun et à un soin psychique cousu-main, à rebours du traitement prêt-à-porter standardisé qui se veut toujours plus actuel. Les mouvements des hôpitaux du Rouvray, Le Havre, Amiens, Niort, Moisselles, Paris… ont su bousculer l’indifférence médiatique et rendre visible au plus grand nombre le chaos qui guette la psychiatrie.
Pour percer le mur du silence, il n’aura fallu rien de moins qu’une grève de la faim … »
– avons apporté notre soutien à la mobilisation des soignants des services d’urgences par le communiqué du 30 avril dernier,
– nous engageons toujours davantage à leurs côtés en rejoignant leur appel à grève et manifestation le 6 juin 2019, relayé par la Fédération Sud Santé sociaux qui a déposé un préavis de grève.
Nous avons pris connaissance de la situation catastrophique des urgences du Centre hospitalier de Lons-le-Saulnier et des réquisitions de personnels que la police vient chercher à toute heure à leur domicile.
La situation aux urgences est le reflet de la déliquescence programmée des services, l’illustration de toutes les insuffisances : le défaut d’accès aux soins de ville, le reste à charge, l’humiliation des « parcours sociaux » réservée aux plus précaires et aux pauvres, le défaut de moyens aux urgences, en psychiatrie et dans les EHPAD, l’attente grandissante, l’épuisement secondaire des équipes.
Faute de formation aux problématiques psychiques, faute d’un nombre suffisant de soignants et donc de temps pour un accueil attentif des personnes en grande souffrance ou en crise, le passage aux urgences se termine pour elles bien trop souvent par la mise sous contention et une hospitalisation sous contrainte, des traumatismes qui pourraient être évités.
La mort d’un patient en mai 2018 à l’Hôpital européen Georges Pompidou à Paris dans des conditions dénoncées par des médecins réanimateurs eux-mêmes est sous le coup d’une omerta de la part de la direction de l’Hôpital et de l’AP-HP (Mediapart, article du 2 juin 2019).
Fusions de services et restructurations génèrent des soins sous haute tension. Chaque site dysfonctionnant devient l’occasion d’une fermeture avec de lourdes conséquences pour les sites voisins.
Comme les soignant.e.s des urgences, nous citoyen.ne.s, exigeons les moyens humains nécessaires pour soigner les personnes et les accueillir dans des conditions dignes, qui respectent leurs droits fondamentaux et, selon une éthique sur laquelle il est impossible de transiger.