Bonjour,
J’ai appris ce jour la demande formulée au Président du groupe parlementaire auquel j’appartiens à l’Assemblée nationale, remettant en question les fonctions que j’occupe au sein de groupes d’études parlementaires, au motif que mon opinion exprimée sur la psychanalyse stigmatiserait « des citoyens, professionnels du soin, enseignants, chercheurs, tous acteurs engagés de la vie sociale ».
J’ai toujours, tout au long de ma vie et de surcroît depuis mon élection à l’Assemblée nationale, eu le plus grand respect pour tous les professionnels de santé qui chaque jour, sur tout le territoire, rendent le plus beau des services : celui de soigner.
Psychiatre de profession, je suis fermement engagée pour la déstigmatisation des troubles psychiques, le respect du libre choix des patients et de leurs droits fondamentaux ; les deux missions parlementaires que j’ai menées en 2019 ont plaidé en ce sens.
Comme médecin mais comme Députée avant tout, ma responsabilité est d’assurer que le code de la santé publique et les recommandations de la Haute Autorité de Santé – aussi perfectibles qu’elles soient – s’appliquent de la même manière partout sur le territoire national. J’ai acquis l’intime conviction que les inégalités territoriales de prise en charge en santé mentale représentent, pour nos concitoyennes et concitoyens une véritable perte de chance que sous aucun prétexte je ne pourrais tolérer.
L’école de pensée psychanalytique, comme tous les courants de pensée, ne saurait être exempte de questionnements visant à améliorer la prise en charge des patients. Je reprends à mon compte la phrase tirée de la pétition que j’ai signée à ce sujet : « le refus de nombre de psychanalystes de poser un diagnostic, l’ignorance volontaire des symptômes, la chosification et la maltraitance des patients et leur famille au nom de dogmes psychosexuels freudo-lacaniens obsolètes sont monnaie courante aujourd’hui. Le traitement de ces personnes comme des patients de ‘seconde zone’ n’est plus tolérable en France. »
Ma méthode a toujours été, et sera toujours celle du dialogue. Durant mes deux missions parlementaires, de janvier à septembre 2019, j’ai reçu tous les syndicats, personnels soignants, de toutes les écoles de pensées de la santé mentale. Sous aucun prétexte je ne cèderai aux multiples pressions venues de toutes parts que je subis depuis la publication de mes rapports, symptômes de la difficulté de ces champs de la médecine à entrer dans le XXIème siècle. Les délais de prise en charge avoisinant plusieurs mois ne sont pas acceptables et l’activité uniquement programmée ne peut garantir une réponse aux besoins des patients. Évaluer les pratiques des spécialistes, quel que soit le champ de la médecine, et donc les psychiatres et autres psychanalystes est une impérieuse nécessité pour une meilleure qualité des soins.
A l’occasion du processus législatif qui s’ouvrira en janvier, ma porte sera toujours ouverte à celles et ceux qui sont prêts au dialogue, loin des dogmatismes et luttes stériles.
Martine WONNER
Députée du Bas-Rhin