Bas les masques

En février 2024, FondaMental affichait clairement dans une tribune du Figaro son intention d’implanter des centres experts partout en France sur les cendres de la psychiatrie de secteur.

Rappelons-le : FondaMental est financé en grande partie par les laboratoires pharmaceutiques et les groupes de cliniques privées ainsi que l’institut Montaigne et la banque Rothschild.

Le 9 octobre 2024, journée nationale consacrée à la santé mentale, FondaMental se paie trois pages de publicité dans le quotidien Le Monde, jouant de l’ambiguïté d’une rubrique journalistique, pour promouvoir une psychiatrie dite de précision dans laquelle la biologie du cerveau vient expliquer la souffrance psychique. L’investissement en vaut la chandelle. Comme le disait une de ces « expertes », présidente de Stalicla, interrogées dans ces pages : « Le marché potentiel pour [les] traitements est de plusieurs milliards de dollars par an ».

Le discours dominant depuis des années met en avant le coût financier des maladies psychiques. La Sécurité sociale a estimé à 23,3 milliards d’euros la dépense en 2020 pour les soins et les médicaments psychotropes. FondaMental nous dit que les coûts directs et indirects auraient été de 163 milliards en 2019.

Or, ne nous y trompons pas : le sous-investissement, dont a témoigné un ONDAM-psychiatrie-publique insuffisant pendant des années, a miné les structures de soins. En témoignent les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous dans un centre médico-psychologique, les fermetures d’unités de soins, à l’hôpital et en ambulatoire, les conditions de soins extrêmement dégradées tout comme les conditions de travail pour les professionnels, les amenant à quitter leur engagement dans le service public. Au bout de la chaîne, il est certain que les patients n’ont pas accès aux soins, vont de plus en plus mal et « coûtent de plus en plus cher ».

À cela, il est primordial d’ajouter que la précarité de la population, tant dans sa vie quotidienne (logement, pouvoir d’achat) que dans le travail, ne cesse d’augmenter. La souffrance au travail est ainsi devenue un motif fréquent de consultation d’un psychiatre, les « burn out » explosent ainsi que les arrêts de travail longue durée. Les lois travail et retraite successives font des dégâts sur l’état mental des français.

L’USP souhaite ici dénoncer le lien évident entre le collectif  « Santé mentale : grande cause nationale 2025 », dont fait partie FondaMental, et l’annonce faite par monsieur Barnier concernant la grande cause nationale 2025. Il reçoit la présidente de FondaMental à Matignon et la cite dans son discours de la journée nationale de la santé mentale ! Tout cela montre une fois de plus l’emprise du néolibéralisme cher au président de la République, choyant les entreprises au détriment des citoyens.

Nous ne serons pas les rabatteurs des pouvoirs financiers.

Delphine GLACHANT, vice-présidente

Charles Olivier PONS, président

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